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Hallwyl est un des plus beaux châteaux à douves qui nous soit resté, il s'éléve au nord du lac du même nom. A l'ouest de l'île créée par la nature, le creusage d'un fossé en forme de fer à cheval a permis la formation d'un second îlot, artificiel cette fois-ci. C'est ici que se dressent les bâtiments de la forteresse. Dans son ensemble, l'installation de Hallwyl construite sur deux îles de superficie différente correspond au type du château fort de plaine tel que le connut le XIe siècle. Le château retranché qui occupait l'île arrière, comportait un remblai de terre, diverses maisonnettes de bois et des palissades. Les communs, les ateliers artisanaux et les logis des domestiques se trouvaient, quant à eux, sur la plus grande des deux îles. Au cours du XIIe siècle, les bâtisses de bois furent peu à peu remplacées par des constructions de pierre.
On pense que l'édifice en pierre de Hallwyl a remplacé vers 1200 une construction en bois. Dans son plan, il dessine un rectangle de 15 mètres sur 18. Ses murs, d'une épaisseur de quelque trois mètres, sont faits de blocs erratiques. L'île antérieure n'abritait pas d'autres bâtiments que les communs. Un sentier fait de rondins traversait le marécage. L'accès à l'arrière île était assuré par un pont de bois.
Une porte monumentale fut ajoutée ultérieurement au corps de logis, et le tout fut relié au donjon par des murs pourvus de chemins de ronde. Ce qui donna naissance a une cour interieure.
Au XIIIe siècle, l'île antérieure fut inclue dans le système défensif du château; une enceinte crénelée et dotée d'une porte fortifiée fut érigée autour de cette île, une autre autour de l'île postérieure. Le terrain en pente qui se trouvait entre le mur et la tour fut comblé. Après ces divers perfectionnements, apportés aussi bien aux constructions qu'au système défensif, un agrandissement de l'ouvrage s'imposait. On commença, après 1350, par ériger sur l'île antérieure une tour d'entrée de trois étages donnant sur la cour et une tour circulaire à l'endroit de l'île le plus vulnérable.
Vers la fin du XIVe siècle, on activa les travaux de construction d'une chapelle domestique. Une fois terminée, celle-ci fut reliée au corps de logis par un pont particulier. Les bâtiments d'habitation furent agrandis et exhaussés à plus d'une reprise. De nouvelles habitations furent de plus construites sur l'île antérieure. Vers le milieu du XVe siècle, on édifia sur l'île postérieure, aux deux angles orientaux, des tours rondes qu'on nomma «tour des archives» et «tour des oubliettes». Au cours des siècles suivants, les divers bâtiments furent à plus d'une reprise adaptés aux besoins accrus de confort de leurs habitants.
On perça de plus grandes fenêtres, suréleva certaines bâtisses et construisit des tourelles d'escalier. Le château de Hallwil ne connut toutefois pas de remaniements baroques de grande envergure tels que celui que subit par exemple l'ouvrage de Wildegg.
La chapelle qui, après la Réformation, servit de pressoir, fut démolie vers la fin du XVIIIe siècle. Pour des raisons de sécurité, il fallut abattre entre 1800 et 1820 les deux étages supérieurs du donjon, dont les murs présentaient d'innombrables lézardes. En raison du peu de solidité du terrain, la tour avait de plus commencé à s'incliner de façon menaçante.
Les débuts du château de Hallwyl remontent certainement au XIe siècle. Si la lignée des seigneurs de Hallwyl est citée pour la première fois dans des documents de 1113, le château, lui, ne l'est qu'en 1256. La fondation de l'ouvrage a dû avoir lieu après qu'une famille de barons eut rendu habitable le fond marécageux de la vallée. Dès que celui-ci fut édifié, la famille en adopta le nom. Des textes nous apprennent qu'au XIIe siècle, les seigneurs de Hallwyl devinrent ministériaux de la maison comtale de Lenzbourg. Ils conservèrent cependant en propre les terres dépendant du château de Hallwyl. Il en alla de même sous les comtes de Kybourg, même si à plus d'une reprise les seigneurs de Hallwil appartinrent à la suite de la maison comtale. Avec le temps, la lignée acquit une grande considération. Grâce à une habile politique, les seigneurs de Hallwyl réussirent à rattacher à leurs propres biens, déjà considérables, divers fiefs des Kybourg, puis des Habsbourg. En 1369, les quatre fils de Jean Ier de Hallwyl conclurent entre eux un contrat d'héritage en indivis, conformément auquel ils s'instituaient, eux et leurs descendants mâles, uniques héritiers des biens patrimoniaux et prévoyaient un dédommagement pour les descendants féminins . Ils voulaient par cet accord empêcher un partage de leur patrimoine.
Le contrat de 1369 fut renouvelé à plus d'une reprise au cours des siècles, de sorte que le château et la seigneurie de Hallwyl demeurèrent effectivement entre les mains de la même famille jusqu'au XXe siècle. Au XIVe siècle, les seigneurs de Hallwyl appuyèrent fortement leur politique sur celle de la maison de Habsbourg - Autriche, ce qui leur valut de lourdes pertes pendant la guerre de Sempach. A plus d'une reprise, leur château fut dévasté par le feu aux XIVe et XVe siècles. Il fut également la proie des flammes en 1415, lors de la conquête de l'Argovie par les Confédérés. Le propriétaire d'alors, Thuring de Hallwyl, se trouvait à Wildegg, où il opposa une résistance acharnée aux Bernois. En 1486, Jean VII de Hallwyl, qui à la bataille de Morat avait conduit l'avant-garde, fit l'acquisition du château et de la seigneurie de Trostburg, tandis que ses parents achetaient d'autres sièges. Au XVIIe siècle, un long litige successoral au sujet de la successibilité des descendants féminins rongea la fortune des Hallwyl. C'est en 1742 seulement que la famille put rentrer en possession de son château ancestral. Même si nombre de ses membres s'établirent à l'étranger, jamais les liens avec la patrie ne furent rompus.
En 1925, les propriétaires du château de Hallwyl instituèrent une fondation de famille, ce qui leur permit de conserver l'important ouvrage défensif qu'est leur demeure.
En 1994, le château a été offert au canton d'Argovie.
Herrliberger (18e siècle)
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