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Erigé au début du XVIe siècle, le manoir d'Englisberg est le plus ancien des trois « châteaux » du village d'Ueberstorf. A l'époque, il comptait sans doute parmi les plus riches demeures du canton. Capitaine des contingents fribourgeois lors des guerres de Souabe et d'Italie, son maître d'ouvrage était issu d'un lignage féodal établi au XIVe siècle dans son château d'Agy, aux portes de Fribourg. Bailli de Schwarzenbourg, bourgmestre, lieutenant d'avoyer, conseiller dès 1487, Dietrich d'Englisberg avait gravi toutes les marches d'un cursus honorum qui l'amènera en 1511 à la charge suprême d'avoyer.

En 1580, une année avant d'entreprendre la construction de la plus luxueuse maison de Fribourg (actuellement siège du Musée cantonal d'art et d'histoire), le marchand de drap et capitaine de la garde suisse de Lyon, Hans Ratzé, acquit cette grande demeure tout proche du petit manoir familial des Ratzé et convenant sans doute mieux à son rang. A l'exemple d'autres manoirs prestigieux dont les propriétaires peinaient à assumer l'entretien au XIXe siècle, le château d'Ueberstorf fut acquis en 1881 par une congrégation religieuse. Les Soeurs d'Ingenbohl y ouvrirent en 1882 un pensionnat pour jeunes filles puis trois ans plus tard le premier institut des sourds-muets du canton. En 1971, les Soeurs quittèrent Ueberstorf et vendirent leur domaine au sculpteur Paul Talman qui s'y établit en 1973 avec sa famille. Son propriétaire depuis 1991, la fondation du château d'Ueberstorf, a réhabilité la bâtisse et ses annexes, dont la chapelle d'origine et celle construite en 1887, pour en faire un centre de culture et de séminaire avec restaurant et hôtel.

Malgré d'importants réaménagements au XIXe siècle, le château a conservé son volume et sa distribution initiale autour d'un corridor central desservi par une tourelle d'escalier hors d'oeuvre. Rehaussé dès l'origine par un décor de grande qualité dont il ne reste qu'un fragment exposé au château de Gruyères, cette résidence était d'une ampleur inhabituelle à Fribourg avec son deuxième étage et ses combles très élevés. On y voit le prototype des manoirs de campagne érigés dans le canton jusque dans les années 1680. Une remarquable cheminée de la seconde moitié du XVIIe siècle et un poêle réalisé vers 1785-1795 par le potier Jean-Baptiste Nuoffer témoignent, au deuxième étage, du soin apporté à l'entretien de cette maison sous l'Ancien Régime.

Bibliographie

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