Le château de Vésenaz (auf deutsch)

Le château, ou plutôt la maison forte de Vésenaz s'élève au centre du village, le long du chemin du Vieux~Vésenaz. Flanqué d'une tour, côté nord, le bâtiment dominait encore, il y a un demi-siècle, les maisons alentour. La construction d'immeubles locatifs au midi et au couchant a un peu estompé cette présence .

La tour ou donjon qui abrite un " viret ", escalier à vis, était surmonté à l'origine d'un toit pointu terminé par un poinçon. Ce toit fut rasé lors d'une réfection, en 1892, et la partie supérieure de la tour fut même démolie jusqu'à la hauteur de la corniche du corps de logis principal.

On sait que le village de Vésenaz fit l'objet "une donation, en 1336, par Amédée III, comte de Genève, aux religieuses de Bellerive. Dorénavant, la quasi totalité du village dépendait de l'abbaye de Bellerive. Chaque année, ses habitants payaient au couvent des droits féodaux en nature et en espèces. C'est grâce aux reconnaissances et aux cartes féodales que nous pouvons retracer, dans les grandes lignes, l'histoire du Château de Vésenaz, histoire qui comporte encore bien des points d'interrogation. Au début du XVe siècle, l'emplacement où s'élèvera plus tard le château, était occupé par des maisons, un four à pain, un jardin et des places, le tout appartenant à Jean et André Messaz, probablement cousins germains. Une partie de ces biens avait été louée à Perret Messaz, père d'André, par l'abbesse de Bellerive en 1395. Jean et André sont attestés comme propriétaires de 1429 à 1443. La famille Messaz a laissé son nom à un lieu-dit de Vésenaz : Trémessaz, qui signifie "derrière chez Messaz".

Vers 1473, le château, construit entre temps, était propriété de Demoiselle Madeleine de Pitigny, veuve de Nantermet Festi, et de ses fils Louis et André Festi. Nantermet Festi est bien connu dans l'histoire de Genève au XV' siècle. Il fut syndic en 1467 et conseiller en 1471, Ses deux fils prirent parti pour le duc de Savoie et durent s'exiler.

Les frères Festi ont dû connaître des difficultés financières, car ils furent l'objet de poursuites et saisie à la requête de leur créancier, noble Jacques de Sionnas, à qui échurent ainsi le château et d'autres biens à Vésenaz. Jacques de Sionnas était seigneur de Vallières. Il passa reconnaissance en faveur de l'abbaye de Bellerive le 17 septembre 1520 pour ses nouveaux biens, le château est désigné ainsi: "une maison haute ", avec un verger et des courtines (cours) et places contiguës à ladite maison". Les bâtiments et les autres biens de Vésenaz passèrent ensuite à François de Vege, notaire, et à son fils Claude, Il faut noter que François de Vege avait épousé Aimée de Vallières, dont nous ignorons si elle avait un lien de parenté avec Jacques de Sionnas, celui-ci étant appelé parfois "Sionnas alias de Vallières", du nom de son fief. Le notaire de Vege, originaire de Menthon près d'Annecy, avait été secrétaire ducal et apostolique. Il fut reçu bourgeois de Genève en 1524

En 1544, les de Vege vendirent le château à François Favre, marchand drapier, citoyen genevois et l'un des fondateurs de l'indépendance de Genève. Il fut conseiller de la Ville en 1533, mais eut maille à partir avec le Consistoire car il refusait de se plier à la discipline de Calvin, Il mourut à Vésenaz en 1551. Il légua tous ses biens de Vésenaz à son fils Domaine et à Jean Favre, neveu de ce dernier. Ceux-ci procédèrent ensuite à un partage : le château échut à Domaine et, parmi les autres biens, le bois de Caran, qui s'étendait sur 18 poses (environ 5 hectares) revint pour 2/3 à Domaine et 1/3 à Jean. Domaine Favre passa reconnaissance en faveur du seigneur de Bellerive en 1582 pour tous ses biens y compris le château de Vésenaz.

De Domaine Favre, le château et les terres de Vésenaz passèrent à son fils Louis. Celui- ci les reconnut en faveur du seigneur de Bellerive en 1619 . Décédé en 1640 -assassiné à Vésenaz dans sa " maison de campagne " - Louis Favre eut comme héritier son fils unique également prénommé Louis (1593-1645), lui-même père de cinq enfants, dont un fils baptisé Louis, comme ses père et grand-père, et une fille, Michèle, qui épousa Robert Vaudenet, avocat et bourgeois de Genève. Louis Favre (troisième du nom) mourut en 1678. Son fils Jacques (1658-1711) hérita du domaine de Vésenaz, pour lequel il passa reconnaissance en 1692, pour la partie dépendant du fief de Bellerive.

Des difficultés semblent avoir surgi au sujet des biens de Vésenaz entre les Favre et les héritiers de Michèle Vaudenet-Favre, car ces derniers avaient conservé des droits dans les héritages qui s'étaient succédé de 1645 à 1678. En 1695, un "compromis" fut passé entre Jacques Favre, d'une part, et les consorts Vaudenet, soit Barthélémy-Robert (fils de Michèle) et ses nièces et neveu, Jeanne, Marie, Marguerite et André-Robert Vaudenet, d'autre part. Leurs prétentions respectives furent soumises à un arbitrage et la sentence rendue par Jean- Jacques de La Rive, syndic, Pierre Fabri et Jacques Pictet, anciens syndics, Jean-Pierre Trembley et Jacob de Normandie, anciens auditeurs. Jacques Favre devait céder aux consorts Vaudenet tout "le bien de Vésenaz, Saint-Maurice et lieux circonvoisins". Cession qui fut confirmée par un acte de "relâchement" passé devant notaire le 15 janvier 1697".



Par la suite, Barthélémy-Robert Vaudenet a probablement racheté les parts de ses nièces et neveu, car, au cadastre de 1730, il figure comme seul propriétaire du château et des terres.

La gestion du domaine dut paraître trop lourde à Barthélémy-Robert Vaudenet, puisqu'en 1736, "se trouvant dans un âge avancés et par cette raison ne pouvant donner ses soins à son domaine de Vésenaz ainsi qu'il conviendrait", il en céda l'usufruit à son neveu André-Robert Vaudenet, capitaine au régiment Desportes au service du roi de Sardaigne; à charge pour le neveu de nourrir et d'entretenir son oncle "tant en santé que maladie jusqu'à son décès" Barthélémy-Robert mourut à Vésenaz le 20 août 1746 et fut enseveli dans le temple de Vandœuvres (en terre genevoise), le cimetière de Collonge (sur Savoie) n'accueillant que les catholiques.

L'inventaire de ses biens dressé en novembre de la même année montre que ses héritiers étaient ses quatre nièces : Jeanne-Ève Tavernier, veuve de Marc Vaudenet, Marianne Vaudenet, veuve Passavant, Michèle Vaudenet, veuve de Pierre Séné, et Marguerite Vaudenet. Cet inventaire décrit l'intérieur du château ainsi : un appartement au rez-de-chaussée composé d'une cuisine, d'une chambre contiguë et de deux autres chambres, l'une au midi, l'autre au couchant de la cuisine. Dans l'appartement du premier étage se trouvaient une chambre au couchant, à l'arrivée des escaliers, puis une chambre au levant et une pièce servant de resserre. Du côté nord du bâtiment, l'inventaire note l'existence d'une grange, de deux écuries, d'un four, de réduits pour les cochons, les moutons et les volailles, plus des pressoirs et une cave basse, et sous le même couvert des caves et pressoirs, trois chambres pour les grangers. Le tout se trouve dans l'enceinte de la cour, fermée par deux portes, "une grande et une petite", où il y a encore une "pierre à piler le fruit avec son noyau", ainsi que des jardins côté midi.

À la mort de Marguerite Vaudenct, sa part passa à Louise Vaudenet, femme d'Abraham Gallatin, Jean-Louis et André Passavant et Pierre André Séné étant déjà copropriétaires comme héritiers de leur parents. Château et terres furent vendus par eux en 1764 à François Caminada, bourgeois de Genève, et à sa sœur Marianne, femme de François Claparède, pour le prix de 13143 livres de Genève. Les Caminada ne gardèrent pas le domaine longtemps puisqu'ils le revendirent dix ans plus tard aux frères Sébastien et Claude Grand, de Vésenaz, et à Jean-Claude Berger, de Ballaison, domicilié à Cherre, qui, tous trois, restèrent en indivision jusqu'en 1777.

Au cours des XIXe et XXe siècles, le bâtiment du château restera partagé en deux, La partie côté lac passa aux descendants de Jean-Claude Berger, et, par succession, aux familles Falquet, puis Thorens. L'autre partie appartint successivement aux descendants de Claude Grand, aux familles Gavairon et Richon, et fut vendue, en 1936, à la famille Lance.

Extraits de "Collonge-Bellerive Notes d'histoire" de Georges Curtet

Bibliographie

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