Autres vues aériennes de Rapperswil
Dominant un dédale de toits, le château de Rapperswil, emblème de la ville, est marqué par deux tours et par le bâtiment qu'elles flanquent coiffé d'une haute toiture. Autre caractéristique de cet ouvrage défensif, son plan triangulaire. Exception faite de quelques transformations de peu d'importance, il s'agit encore, semble-t-il, du plan architectural conçu à l'origine. C'est peu après 1200 que cette forteresse à la maçonnerie en moellon bloqué a dû être construite. Du côté de l'église, érigée tardivement, elle était jadis défendue par un fossé; une étroite lice, dont on distingue encore quelques traces, l'en séparait. Les portes franchies par le chemin du château formaient une partie de cette lice.
Venant de l'ouest et après avoir change de direction - le sentier décrit un angle de 180° - on atteint l'entrée qui donne accès à la cour. Tout le front ouest de l'ouvrage, là où s'étend aujourd'hui une splendide place, était couvert par un fossé. Une trappe avait été installée derrière la porte, protégée, elle, par un pont-levis dont le pilier central est encore visible dans le fossé. La trappe a été découverte et dégagée en 1966, au cours de fouilles archéologiques. Trois tours flanquent les angles de cet ouvrage triangulaire: Au sud, le donjon de plan presque carré; il a conservé sa hauteur initiale; à la pointe sud-est, la tour de l'horloge pentagonale et au nord, la poudrière, dont l'intérieur est semi- circulaire. D'après les meurtrières et les créneaux, que l'on distingue surtout au haut des murailles de l'ouest et du sud, le mur d'enceinte devait initialement être couronné de créneaux; il fut surhaussé plus tard. La tour de l'horloge et le corps de logis ont eux aussi été construits tardivement. De plan rectangulaire, le bâtiment d'habitation est adossé à la face sud du mur d'enceinte et à la tour de l'horloge. Au rez-de-chaussée, il est divisé en trois salles de grandeur presque égale.
La première entrée ayant donné accès au château semble s'être trouvée dans le mur oriental. Derrière la lice construite à cet endroit, la porte est encore conservée. Dans ses fondements, l'enceinte est deux fois plus épaisse que plus haut. L'approvisionnement en eau, si importante pour les habitants du château, était vraisemblablement assuré par une citerne ménagée près de la poudrière. Fait intéressant à signaler: le château de Rapperswil possédait des couloirs souterrains. On en connaît trois et il est même possible, non sans peine il est vrai, de pénétrer dans l'un d'eux.
Pour ce qui est de l'histoire de ce château, nous retiendrons que les seigneurs de Rapperswil, dont le siège ancestral se trouvait près de Saint-Jean sur Altendorf, assumaient les fonctions de baillis du couvent d'Einsiedeln. C'est au début du Xllle siècle qu'ils ont probablement déplacé leur centre d'activité sur l'autre rive du lac et construit un nouveau siège central sur la presqu'île de Rapperswil. Partisans fidèles des Hohenstaufen, ils ont sans aucun doute pu compter sur le soutien de l'empereur Frédéric Il pour réaliser leurs plans. Issus de la noblesse de campagne alémanique, ils doivent avoir eu pour ancêtres Eticho et son épouse Willa, les seuls Guelfes figurant dans les nécrologies d'Einsiedeln. Afin de donner une base solide à leur propriété, ils ne tardèrent pas à ériger une ville au pied du rocher qu'occupait leur château. Il semble que leur premier ouvrage ait déjà été construit sur un plan triangulaire, mais que seul le donjon ait alors légèrement surplombé l'enceinte crénelée. Les fondements du corps de logis devaient eux aussi s'appuyer sur le mur d'enceinte, du côté sud; ce bâtiment d'habitation n'était alors coiffé que d'un toit en appentis. Pour marquer plus encore leur puissance, les seigneurs de Rapperswil fondèrent les couvents de Wurmsbach et de Wettingen. Lorsque cette lignée s'éteignit, en 1283, le château passa, par le biais de la veuve du dernier seigneur de Rapperswil, au célèbre minnesänger et guerrier Werner de Homburg. Mais ce comte mourut en 1289 déjà et Rapperswil échut au comte Rodolphe de Habsbourg-Laufenbourg. Le petit-fils de ce dernier, Jean II, participa à la Nuit des Meurtres de Zurich, ce qui entraîna en 1350 la destruction du château et du bourg de Rapperswil par les troupes de Rodolphe Brun, bourgmestre de Zurich. Il semble toutefois que le château n'ait pas entièrement disparu car il fut reconstruit sur les mêmes fondations et selon le même plan. C'est sans doute à ce moment que le donjon et la tour de l'horloge furent surélevés et que le corps de logis fut greffé sur le mur d'enceinte, lui aussi surhaussé. Depuis cette date, des chemins de ronde pourvus de constructions de bois semblables à celles de Morat et pour la plupart conservées s'étendent entre la tour de l'horloge, la poudrière - ajoutée sans doute à cette époque à l'ouvrage - et le donjon. Ces diverses transformations semblent être dues au duc Albert d'Autriche, devenu propriétaire de Rapperswil en 1352. Jusqu'en 1442, le château servit de siège aux baillis autrichiens. Le blason gothique de la maison d'Autriche qui surmonte l'entrée orientale du château et datant de la seconde moitié du XlVe siècle rappelle les occupants autrichiens. L'empereur Frédéric III de Habsbourg concéda à la ville la juridiction criminelle, c'est-à-dire le droit de vie et de mort, de même que le droit de désigner le bailli. Il va de soi qu'un bastion autrichien tel que Rapperswil n'était guère pour plaire aux Confédérés. Ils l'assiégèrent trois fois - la première fois en 1388 lors de la guerre de Näfels pendant vingt jours, la seconde et la troisième fois au cours de l'Ancienne Guerre de Zurich, en 1443 et 1444, pendant huit, resp. vingt-sept jours - et trois fois, ils durent s'avouer vaincus.
En 1460, Rapperswil se détacha de l'Autriche et quatre ans plus tard, la ville signait un premier pacte avec les Confédérés. A cette occasion, elle leur accorda le droit de disposer librement du château. Prise dans les tourments de la guerre de Villmergen, elle fut assiégée pendant l'hiver 1656 par le général Rodolphe Werdmüller, mais en vain. On suppose que c'est à ce moment que furent creusés les couloirs du château et que ceux-ci abritèrent des pièces d'artillerie. Un tel travail n'aurait certainement pas été possible au Moyen Age, car on ne disposait alors d'aucun explosif moderne. Pendant la seconde guerre de Villmergen (1712), les cantons protecteurs, Uri, Schwytz, Unterwald et Glaris, installèrent une puissante garnison au château et la placèrent sous les ordres d'Alexandre Bessler. Mais celui-ci remit le 1er août 1712 déjà la ville et le château aux Zurichois et aux Bernois à leur retour d'une campagne victorieuse dans les régions saint-galloises. A partir de cette date, Rapperswil eut pour protecteurs les cantons de Zurich, Berne et Glaris. Jusqu'en 1798, les baillis furent nommés par la ville de Rapperswil.
Herrliberger (18e siècle)
Pages officielles du musée polonais
Avec le temps, les dispositifs de défense perdirent leur destination initiale. Après leur victoire, les Français emportèrent non seulement les armes, mais encore une partie de l'ameublement. Et lorsque fut formé le nouveau canton de Saint-Gall, qui engloba également Rapperswil, le château se mua en prison cantonale. Il le demeura jusqu'en 1820, puis il servit de cité-caserne. En 1869, le comte Plater commença à y installer un musée polonais. Plus tard, Julius Stadler remania le rez-de-chaussée et le premier étage et entre 1886 et 1895, c'est toute la distribution intérieure qui fut transformée. Les travaux qui redonnèrent partiellement au château son allure médiévale ont provisoirement pris fin en 1961. Après que l'Institut international des châteaux historiques, puis l'Association suisse pour la conservation des châteaux et ruines se furent installés au château, ce dernier fut repris par la commune bourgeoise de Rapperswil, qui y installa un musée polonais et un restaurant.
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