C'est à Attinghausen, au nord-ouest de l'église et près des ruines d'une forteresse que se dresse la maison forte des Schweinsberg, habitée aujourd'hui encore. Son plan décrit un rectangle de 10,5 mètres sur 14 et sa hauteur atteint encore quelque 11 mètres. L'épaisseur des murs, elle, varie entre 1,4 et 1,6 mètres. De l'aspect d'un solide cube, cet édifice est construit en pierres brutes. Dans sa partie supérieure toutefois, les deux derniers étages sont en bois, de sorte qu'on a l'impression qu'un petit chalet s'est glissé dans la tour. A l'intérieur, une cloison moins épaisse a été construite parallèlement au mur extérieur, à une distance de quatre mètres, ce qui a donné naissance à l'angle sud-ouest à une espèce de «tour intérieure», d'une surface de 4 mètres sur 4,8. Au rez-de-chaussée, on trouve les caves, au premier étage une haute et spacieuse salle de séjour pouvant être chauffée. Elle a été ornée vers 1480 de fresques représentant la Crucifixion et des scènes de chasse; aujourd'hui, elles ont malheureusement presque entièrement disparu. Cette salle sert maintenant de cuisine. A l'origine, l'entrée se trouvait du côté nord; plus tard, une fenêtre a été construite à sa place et, de nos jours, on pénètre dans le château par une porte pratiquée dans le mur sud. Un escalier de chêne en colimaçon donne accès aux différentes pièces de cet édifice. Des traces de l'escalier primitif sont encore visibles. Au second étage, il n'est plus possible de se rendre compte de l'ancienne distribution des pièces. Ce qu'on remarque encore, c'est que du côté sud, le mur de la «tour intérieure», contrairement au mur extérieur, s'élève jus- qu'au toit. Au dehors, on découvre quelques rares traces d'un mur d'enceinte et d'un fossé. Nous ne savons rien de précis sur la date à laquelle a été construit cet ouvrage, mais il remonte probablement au XIIIe siècle. Au début, il fut habité par les gentilshommes de Schweinsberg, ministériaux des seigneurs d'Attinghausen. Le premier représentant des Attinghausen connu est un certain chevalier «Ulricus dominus de Attinghausen», ainsi cité en qualité de témoin et avec d'autres nobles de la région de Berne dans un document de 1240. Dans d'autres textes, il est nommé soit d'Attinghausen, soit de Schweinsberg (Emmental). Il semble avoir principalement exercé son activité dans la région bernoise.
La famille lige de Schweinsberg
n'a jamais joué un rôle indépendant
dans l'histoire du pays uranais. Si l'un
de ses membres est mentionné dans
quelque document en tant que témoin,
c'est toujours à côté des seigneurs
d'Attinghausen. Elle a en revanche acquis de grands mérites en accordant
son soutien au couvent de Seedorf. Il
nous faut à ce propos citer tout particulièrement Conrad de Schweinsberg,
qui partit pour la Terre sainte avec un
groupe de lazaristes et mourut, encore
jeune, dans ce pays. Son fils, nommé
lui aussi Conrad, entra au couvent
dans ses vieux jours. On sait de ses
deux fils Rodolphe et Egloff qu'ils ont,
avec d'autres ministériaux, témoigné
dans un procès engagé par le couvent
d'Engelberg et l'Etat d'Uri à propos
d'un alpage. Grâce aux registres des
messes anniversaires d'Attinghausen et de Seedorf, nous connaissons un peu mieux la famille d'Egloff: Trois enfants sont nés de son mariage avec Agn¸s de Wallis, un fils, Jean, et deux filles, Elisabeth et Vˇronique. On ne trouve toutefois ces noms dans aucun document. Le fils de Jean, Ulrich, marié à Hemma Kaufmann, est mentionné comme témoin dans un écrit de 1370. II fut le dernier représentant de cette famille de ministériaux.
Que les Schweinsberg n'aient pas joué un rôle de premier plan en pays uranais ressort non seulement du fait qu'ils n'apparaissent jamais qu'en relation avec les seigneurs d'Attinghausen, mais également du fait qu'ils ont compl¸ètement disparu des documents, et par là de la scè¸ne politique, dè¸s que s'éteignit cette famille seigneuriale.
Au XVIe si¸cle, le château devint propriété de la famille Zick, d'Attinghausen, et en 1619, celle du lieutenant Pompeus Tresch, cél¸èbre pour sa force d'Hercule et son héroïsme. II est possible qu'il ait également appartenu pendant un certain temps au couvent de religieuses d'Attinghausen. Apr¸s de multiples mutations il passa à nouveau, vers la fin du XIXe si¸cle, aux mains de la famille Tresch.
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