
Helena Potocka en 1808, par Elisabeth Vigée Le Brun, Musée national Varsovie
La bibliothèque (généralité sur la bibliothèque - histoire résumée - article sur les livres) du château d’Oron contient une partie des livres de la princesse Helena. Qui était cette personne ?
Le texte ci-dessous nous dévoile la vie d’une personne qui a fréquenté tous les grands personnages de son époque. En visitant la bibliothèque du château d’Oron, nous respirons ainsi un peu les fastes de l’Ancien Régime.
Helena Apolonia princesse Massalska est née en 1763 en Pologne. Son père Josef Adrian prince Massalski (1720-1765), ministre d’Etat et sa mère Antonina, princesse Radziwill (1730-1764) décèdent très jeunes, laissant la petite princesse orpheline à l’âge de 2 ans.
Elle est recueillie par son oncle, le prince évêque de Vilnius en Lituanie, Ignacy prince Massalski (30 juillet 1726 28 juin 1794).


Ignacy prince Massalski
En 1771, âgée de 8 ans, Helena arrive à Paris avec son oncle. Ce dernier, compromis dans la dernière révolution polonaise a pu fuir son pays avant son arrestation. Il obtient le soutien de Madame Geoffrin. Marie-Thérèse Rodet Geoffrin (1699-1777) ne possédait pas de titre ducal ni de marquisat. En plus d'être de petite naissance, elle avait une connaissance assez restreinte des règles de l'orthographe. En fait, elle était la fille d'un valet de chambre de la Dauphine. Pourtant elle réussit l'un des salons les plus célèbres et des plus fréquentés de l'histoire. Son secret, comme les meilleures intervieweuses modernes, elle savait faire parler ses invités. Sa finesse d'esprit et sa grande intelligence étaient aussi appréciées de ses convives. Invitée par les souverains de Pologne et d'Autriche elle fut dans ces pays, reçue comme une tête couronnée.



Massalski était un homme très influent, mais en même temps léger, impulsif et irrésolu. Les Massalski possédaient une fortune territoriale immense, mais le prince se trouvait souvent dans des embarras financiers, en trois ans il avait par exemple perdu plus de 100'000 ducas au jeu.
Le prince évêque de Vilnius payait de ses propres deniers, tous les frais de la légion Massalski, composée de 16'000 hommes, le prince Radziwill, oncle d’Helena, avait 20 millions de ducas de revenus et entretenait 20'000 hommes de troupes régulières.






A Paris, deux couvents se disputaient le privilège de l’éducation des filles de la haute noblesse : Penthemont et l’Abbaye-aux-Bois.
L'Abbaye-aux-bois est fondée en 1202 au diocèse de Noyon par Jean II, seigneur de Nesle et sa femme. Elle se développe très vite, dotée presque exclusivement par la noblesse et la bourgeoisie locales, et protégée par les papes et les rois. Devenue très aristocratique par son recrutement, ses bâtiments sont rachetés par les chanoinesses de Saint Augustin après la Révolution. En 1904, les lois supprimant l'enseignement congréganiste portent le coup de grâce au monastère. L'Abbaye aux Bois qui se situait au début de la rue de Sèvres en face l'hôtel Lutétia a été détruite lors du percement du boulevard Raspail.

Paris: l'extrémité de la rue de Sèvres avec la grande avenue Raspail. L'Abbaye aux Bois était située sur ce carrefour, à droite du parc.
En 1772, Helena, entre à l’Abbaye-aux-Bois à l’âge de 9 ans et y restera jusqu’à 16 ans. Elle y recevra une éducation qui réunissait à la fois la pratique des devoirs domestiques les plus bourgeois et les leçons destinées à la former aux usages du monde de la haute noblesse.
Au cours de ces années, la petite princesse tient un journal. Ce journal a été retrouvé par l’écrivain Lucien Perey, parmi les livres d’Adolphe Gaiffe, qui a acheté le château d’Oron en 1871. Sur la base de ce journal, Lucien Perey a publié en 1894, « Histoire d’une grande dame au XVIIIe siècle, la princesse Hélène de Ligne », suivi par un second tome « Hélène Potocka ». Beaucoup de renseignement du présent texte sont tirés de ces deux ouvrages.
Ce livre est rempli d’anecdotes sur l’éducation de la petite princesse, sur ses amies. On y lit entre autres, qu’une nuit, elle sortit de sa chambre avec une amie et versa une bouteille d’encre dans le bénitier de l’église. Or à deux heures du matin, les dames chargées de l’éducation, disent matines et comme elles connaissent les lieux, il y a peu de lumière. Elles trempèrent leurs doigts dans l’eau bénite, sans se douter de la présence de l’encre.
Lorsque le jour vint, elles constatèrent les dégâts. Elles se doutèrent que cela venait des pensionnaires, mais elles n’ont jamais su laquelle c’était.
En 1773, son oncle, le prince évêque de Vilnius est retourné en Pologne. Il fut nommé à la tête de la Commission d’éducation nationale. En 1789, il achète le palais Verkiai et le reconstruit dans un style néo-classique.

Le palais Verkiai
Pendant qu’Helena achevait ses études, le bruit de sa beauté, de son nom, de sa fortune, avait franchi les murs de la vieille abbaye. La jeune princesse avait déjà fait des apparitions dans des bals d’enfants.
Deux prétendants se déclarent à la fois ; le premier le duc d’Elboeuf, prince de Vaudemont. La noblesse du jeune homme était brillante, mais sa fortune mince.
A l’époque, les goûts des uns et des autres n’avaient que peu d’importance, seuls comptaient la fortune, le rang et le nom.
Pendant que des négociations avaient lieu entre la famille du jeune homme et l’oncle Massalski, Helena rencontre le prince Frédéric de Salm au cours d’un bal de jeunes filles.
Altesse allemande, Frédéric IIII, rhingrave de Salm-Kyrbourg, fit bâtir, peu de temps avant la Révolution, l'hôtel tout à la fois élégant et prétentieux, qui devint le palais de la Légion d'honneur sur le quai d'Orsay, aux abords du pont de Solférino. Le prince de Salm avait tous les goûts et se permettait toutes les folies. S'ennuyant dans ses Etats, dont une heure de galop de ses équipages lui faisait atteindre l'extrême frontière, il était venu dépenser sa fortune à Paris. M. de Salm, pour couvrir cette dépense, n'avait guère à compter sur ses États. Il les avait déjà dévorés deux fois pour le moins. Comment faire ? Le rhingrave se souvint qu'il possédait trois ou quatre villages perdus dans un ravin des Vosges. Il les fit mettre aux enchères, et les sommes qu'il reçut allèrent s’engloutir dans la bâtisse du quai d'Orsay.

Le palais de Salm à Paris
Helena ignorait les détails peu honorables de la conduite privée du prince, elle voyait en lui un élégant cavalier, porteur d’un grand nom et par-dessus tout un séjour assuré à Paris dans son magnifique hôtel.
Tous ces événements n’arrangent évidemment pas la négociation en cours avec la famille d’Elboeuf. Le prince évêque décline cette proposition.
C’est alors qu’intervient Henriette-Eugénie de Béthisy de Mézières, princesse de Ligne, ancienne dame du palais de la défunte reine d’Espagne, qui avait reçu du roi un appartement au château des Tuileries. Apprenant le projet de mariage manqué, elle confie qu’elle avait un projet en tête : son neveu Charles Antoine Joseph Emanuel de Ligne (1759 1792) âgé de 20 ans.
Son père est Charles Joseph Lamoral Francois Alexis, prince de Ligne, (Brussels 23.5.1735 Vienne 13.12.1814), maréchal, ambassadeur en Russie, correspondant de Voltaire, de Rousseau, de Mme de Staël. Il a épousé en1755 Maria Franziska von und zu Liechtenstein (27.11.1739 -17.5.1821).
La famille de Ligne était très fortunée et sa noblesse était très ancienne.


Le château de Beloeil et sa bibliothèque
De nouvelles négociations commencent, de nombreux courriers circulent entre la Pologne et Paris, entre Paris et Beloeil, le château d’été des Ligne en Belgique.
On raconta à Helena la situation très brillante du prince père à Versailles, à Vienne, aux Pays-Bas. On lui dit que le prince ferait tout pour obtenir une installation des futurs mariés à Paris. Ce dernier point était contraire aux souhaits de la princesse mère.
Helena demande à réfléchir en attendant l’arrivée de son oncle le prince évêque.


Charles Joseph Lamoral Francois Alexis, prince de Ligne
Ce délai était d’autant plus facile à obtenir que les princes père et fils étaient retenus à l’armée, l’Autriche étant en guerre avec la Prusse pour la succession de l’électorat de Bavière. (A la mort du dernier électeur Maximilien-Joseph, le 30 décembre 1777, la maison d'Autriche, qui avait des prétentions bien fondées sur la Basse-Bavière, en prit possession par accord avec l'électeur Palatin le 3 janvier 1778. L'opposition qu'y fit le roi de Prusse produisit une guerre qui fut terminée par la paix de Teschen, signée le 13 mai 1779).
Une première rencontre a lieu entre Helena et Charles de Ligne à l’Abbaye aux Bois. Le prince trouva Helena fort jolie et Helena racontera à ses camarades de pension « Il est blond, sa taille est élancée, il ressemble à sa mère, il a grand air, mais il est trop sérieux ». Le prince père arriva trois jours plus tard et fut ébloui par sa future belle-fille.



Charles Antoine Joseph Emanuel de Ligne, prince de Ligne
Ensuite tout alla très vite, le contrat de mariage fut signé le 25 juillet 1779 à Versailles, par Louis XVI, roi de France, et le mariage eut lieu à l’Abbaye aux Bois le 29 juillet.
Il avait 20 ans et elle en avait 16.


Louis XVI et Marie-Antoinette
Comme dit plus haut, les mariages étaient une alliance qui faisait intervenir fortune, nom et noblesse. Voici donc la description de la dot d’Helena :
Mogylani, terre avec château et maison de campagne, deux palais à Cracovie, un palais à Varsovie. Le prince Radzivill était redevable aux Massalski de 1'800'000 florins polonais, héritage de la mère d’Helena. Cet héritage devait être partagé avec son frère Xavier. Le prince évêque de son côté s’engageait à fournir à la princesse un revenu de 60'000 livres de rente et de la défrayer de tout en cas de séjour à Paris.
D’autre part, le prince de Ligne recevait 30'000 livres de rente de son père, il pouvait également se loger au château de Beloeil, à Bruxelles ou à Vienne dans un des palais ou châteaux de son père.
Après le mariage, les jeunes époux partent s’installer à Beloeil, magnifique résidence d’été des princes de Ligne. Cette habitation grandiose se compose de jardins, forêts, parcs, pavillons de chasse, châteaux. Des fêtes splendides y étaient organisées. Les rois et princes d’Europe y séjournaient volontiers.
En hiver, les de Ligne séjournaient à Bruxelles, à l’hôtel d’Epinoy situé près de Sainte-Gudule. Helena fut présentée à la cour des Pays-Bas.
Le prince-père ne faisait jamais de séjours prolongés en Belgique. Il aimait se rendre à Versailles, où il était l’âme du cercle intime de la reine Marie-Antoinette. A son retour, il racontait tout à sa belle-fille, qui ne pouvait s’empêcher de regretter Paris, surtout quand son mari, au service de l’Autriche, était absent.
Elle n’eut plus qu’une idée en tête : se faire présenter à la cour de France. Mais en attendant les deux princes père et fils firent un voyage de 6 mois à Berlin, Pétersburg, Varsovie pour essayer de régler les problèmes d’héritage d’Helena. Il faut se rappeler que la Pologne avait été partagée entre la Russie, la Prusse et l’Autriche. Ils sont reçus par Frédéric II de Prusse et par Catherine II de Russie. A Varsovie, ils rencontrent le prince évêque qui rêvait de faire du mari d’Helena le futur roi de Pologne.
Frédéric II de Prusse et Catherine II de Russie
Pendant cette longue absence, la vie d’Helena n’était pas facile à Beloeil, sa belle-mère gardant la direction de toute la maison.
En 1782, 1783 Helena fit plusieurs séjours dans la ville d’eau de Spa. De son côté, son mari le prince Charles participait peu aux activités de sa femme. A Lyon, le 19 janvier 1784, il prit part à la troisième ascension en ballon des frères Montgolfier.

Le ballon des Montgolfier
Helena ne perdait pas de vue son idée de s’installer à Paris, son mari n’était pas très enchanté de cette idée. Mais finalement en septembre 1784, il achète un hôtel particulier rue de la Chaussée d’Antin. Plus tard, Mme Recamier et la comtesse Lehon devaient l’habiter.
Helena y retrouve ses amies de l’Abbaye aux Bois et fut accueillie et présentée partout : à Chantilly, chez le prince de Condé, à Petit-Bourg chez la duchesse de Bourbon, au Temple chez le prince de Conti.... Son mari, le prince Charles vivait cette situation difficilement, sa femme était jolie et à la mode, son père était très brillant et jouait un rôle de premier plan. Il était forcément réduit à un rôle secondaire et effacé.
Au fur et à mesure que le temps passe, les liens unissant les époux se relâchaient. Une liaison de Charles avec une pensionnaire de la Comédie-Française, Marie Bernardy apporta une diversion. Une fille Christine naquit de cette liaison le 4 janvier 1786.
Cependant la naissance de Sidonie le 8 septembre 1786 rapprocha les époux pour quelque temps. Ils retournèrent à Beloeil.
Hélas une insurrection éclate en 1787 en Flandres et la famille de Ligne, effrayée par l’agitation, rejoint le prince Charles à Vienne. Helena eut préféré passer l’hiver dans son hôtel à Paris, mais elle n’osa pas le demander à Charles que son service retenait à Vienne.
La cour de Joseph II d’Autriche n’était pas aussi brillante que celle de Versailles, mais on y rencontrait des personnages intéressants, de Hongrie, de Pologne,...
C’est dans l’appartement de la princesse Kinsky dans le palais du Belvédère supérieur qu’Helena rencontra la société la plus choisie de Vienne. On y rencontrait les princesses de Lichtenstein, soeurs de la belle-mère d’Helena, le duc de Bragance, le prince de Kaunitz, ... et l’empereur Joseph II.
Les bals de Vienne étaient renommés et Helena y excellait. A l’Opéra, elle assista à la première de Don Juan de Mozart.


Mozart et Joseph II d'Autriche
Comme on le voit un hiver à Vienne pouvait se passer d’une manière très agréable, mais cette société ne plaisait pas à Helena. Elle regrettait Paris. Son mari, en revanche, qui connaissait depuis son enfance toutes les familles de la cour s’y trouvait à l’aise. Il était très lié avec toutes les jeunes femmes, amies de ses soeurs, en particulier avec la princesse Kinski.
La situation en Flandres ne s’arrangeait pas, il n’était donc pas question de retourner à Beloeil. Le prince Charles rappelé par le général de Lascy avait quitté Vienne.

Le Palais du Belvédère supérieur à Vienne
Helena demande l’autorisation de se rendre auprès de son oncle à Varsovie sous le prétexte de régler d’importantes affaires. L’autorisation fut accordée à la condition de laisser la petite Sidonie au soins de sa grand-mère.
En septembre 1788, Helena quitte Vienne. Elle avait 25 ans, son mari en avait 29 et sa fille 2 ans.

Stanislas II Auguste Poniatowski
A Varsovie régnait Stanislas II Auguste Poniatowski, il a été élu roi avec l’appui de Catherine II de Russie. L’entourage du roi était très féminin, on y rencontrait les princesses Lubomirska, Czartoriska, Potocka, Poniatowska,...La princesse Helena de Ligne arriva dans cette cour précédée de sa réputation d’esprit, de beauté et de coquetterie. Son palais devint rapidement un des plus élégants de Varsovie. Elle oublia le passé, son mari et sa fille.



Le palais Potocki à Varsovie
Parmi les personnages que l’on remarquait le plus, figurait le comte Vincent Potocki, Grand Chambellan. Il appartenait à une des familles les plus illustres de Pologne, qui possédait des terres immenses et des palais d’un luxe royal.
Son père Stanislas Potocky était le neveu et filleul de Stanislas Leszczynski, roi de Pologne de 1704 à 1709, puis de 1733 à 1736, sa fille Marie Leszczynka épousera Louis XV en 1725. Le père de Vincent est donc un cousin-germain de la reine de France.

Marie Leszczynka, reine de France, épouse de Louis XV
Vincent Potocki, âgé de 38 ans, passait pour l’un des hommes les plus séduisants de la cour. Il avait épousé en première noce Ursule Zamoyska, nièce du roi Stanislas-Auguste. Ils n’eurent pas d’enfants et divorcèrent au bout de quelques années. Les divorces étaient choses fréquentes en Pologne. En 1786, Vincent se remaria avec la comtesse Mycielska qui lui donna deux fils. C’est au moment de la naissance du second fils que le comte fut appelé par ses fonctions à la cour de Varsovie. La comtesse dut rester en Ukraine dans les terres de Niemirow qui était leur résidence habituelle, sa santé ne lui permettant pas de voyager.
A peine arrivé à Varsovie, le grand chambellan rencontra Helena chez Mesdames Jean et Severin Potocka, ses cousines. Il devint bientôt un fidèle habitué de sa petite cour. On s’aperçut bientôt qu’elle accueillait le comte Vincent avec une faveur marquée. Elle changea ses habitudes et on ne la vit plus que dans les salons que le comte fréquentait aussi. Celui-ci restait réservé, mais était flatté de l’intérêt de la jeune femme. Helena de son côté tombe vraiment amoureuse pour la première fois. Plusieurs mois s’écoulent. Le comte accepte de prendre la responsabilité de prendre la direction des affaires fort embrouillées d’Helena. De nombreux entretiens eurent lieu toujours en présence d’un tiers, secrétaire ou demoiselle. Un jour, le comte demande un entretien en particulier. Au cours de cette rencontre le comte lui avoue ses sentiments et la princesse lui avoue son amour. Mais Helena lui précise qu’il ne devait rien espérer de plus tant qu’ils n’auraient pas l’un et l’autre reconquis leur liberté.

Vincent Potocki


Le château de Niemirow
A la fin de 1790, rétablie, la comtesse Anna Potocki revint rejoindre son mari à Varsovie. Elle adorait son mari et découvrit bien vite les liens qui l’unissaient à Helena. Elle refusa de recevoir Helena. Déchiré entre les deux femmes, Vincent décida de quitter Varsovie pour rejoindre Niemirow. Apprenant cela, Helena quitte Varsovie à la poursuite de Vincent et arrive à Niemirow quelques heures après lui. Troublé par cette réaction, un acte insensé à l’époque qui peut ruiner une réputation, le comte accueille Helena et après explications, ils décident de demander immédiatement le divorce chacun de leur côté. Le lendemain trois lettres partent : la première pour la comtesse Anna, la deuxième pour le prince de Ligne et la dernière pour le prince évêque de Vilnius. Le comte proposait à sa femme Anna de lui rendre ses deux fils en échange du consentement au divorce et lui offrait en outre une pension considérable. La princesse demandait sa fille Sidonie, et à son oncle elle demandait de l’aide pour régler ses affaires.
La réponse de la comtesse Anna, épouse de Vincent depuis 4 ans seulement fut simple: elle demandait le retour de Vincent auprès d’elle.
Pendant ce temps, le prince Charles, mari d’Helena se battait contre les Turcs, au service de la Russie. Son courage fut remarqué et Catherine II de Russie le nomma colonel et lui décerna la croix de commandeur de l’ordre de Saint-Georges. A Vienne, il retrouve son père et sa famille. La famille de Ligne était gravement offensée par l’attitude leur belle-fille. Ils refusèrent nettement la demande de divorce : « Comme nous ne savons plus si la princesse Charles de Ligne existe, nous ne pouvons faire aucun arrangement avec elle. »
En 1790, les de Ligne retournent à Beloeil, toutes traces de troubles avait disparu des Flandres.
Vincent se rend à Paris pour essayer de négocier avec les de Ligne, en vain.
Pendant ce temps Helena vivait à Niemirov, dans une profonde retraite. L’argent commençait à manquer, son oncle retardait la transmission de l’héritage. De retour en Pologne, Vincent tardait à venir en Ukraine.Puis après plusieurs mois, il arriva enfin près d’Helena, mécontent car il n’avait rien obtenu.
En 1792, le prince Charles sollicitait sa rentrée dans l’armée autrichienne avec le grade de colonel. La campagne était commencée contre les armées de la République française. Le 27 mai, Charles se signala par une bravoure audacieuse dans un combat près de Condé, mais aucune grande bataille ne se préparait. Plusieurs mois se passent, puis le 13 septembre, on confie à Charles l’attaque du passage de la Croix-au-Bois. La bataille fut vive, six fois le poste est repris par les Français et repris par les Autrichiens. Le prince Charles voit que pour se rendre maître de la position, il faut prendre une batterie de canons française. Le prince commande lui-même l’assaut, huit de ses hommes sont tués immédiatement et lui-même reçoit un boulet à la tête et tombe foudroyé. Il avait 34 ans. Son père, qui était à Vienne, ne se consola pas du décès de son fils. Il perdit tout le plaisir qu’il avait à vivre.
La victoire des Français empêcha une fois de plus la famille de Ligne de rentrer à Beloeil.
Avant de mourir, Charles avait fait son testament. On y trouve au point VI: « Je lègue à ma fille Sidonie le portrait de sa mère, afin qu’elle se ressouvienne de ne pas l’imiter, et mon sabre turc donné par le prince Potemkine, qu’elle doit toujours avoir dans sa chambre pour faire savoir à ses enfants que mon intention est qu’ils soient tous militaires »
Au point XVI « On aura bien soin d’ôter (de Beloeil) le portrait de ma femme qu’on mettra au garde-meuble. »
Actuellement, le portrait n'est plus au garde - meuble, mais exposé dans une galerie du château (voir ci-dessous)


Quand Helena apprend la mort de son mari, elle écrit au comte Vincent: « Un boulet vient d’emporter le prince Charles, je suis libre, c’est la volonté divine : ce canon était chargé depuis l’éternité ». Peu de temps après,le second fils de la comtesse Anna succombe à une maladie et enfin Helena apprend la mort de son frère Xavier, ce qui la faisait héritière unique de 600'000 livres de rente.
De retour à Niemirov, Vincent renouvelle sa demande de divorce auprès de la comtesse Anna, en échange de son fils François. La pauvre comtesse accepta à condition que tout fut fait dans les règles. C’est-à-dire qu’il fallait obtenir le consentement de Rome. Anna savait que cela exigeait de longs délais et elle espérait que son mari reviendrait à elle durant ce temps. De son côté Helena écrivit à son oncle, elle lui annonçait la mort de son mari et lui demandait son aide pour régler à la liquidation des affaires de son frère Xavier. Le prince évêque, calculant rapidement que le comte Vincent Potocki vivant lui serait plus utile que le prince Charles de Ligne mort, invita le comte Potocki à venir à Varsovie pour régler les affaires. Dans la même lettre, il invite Helena à Werki en Lituanie.
En janvier 1793, le mariage d’Helena et de Vincent était célébré à minuit dans la chapelle du couvent des Bernardins près de Werky. Le motif apparent de cette discrétion était le deuil de la princesse trop récent pour permettre un mariage officiel, mais il faut dire qu’en réalité la permission du divorce n’avait pas encore été expédiée de Rome. Il a fallu l’influence du prince évêque pour qu’un curé consentît à célébrer un mariage dans de telles conditions.
Après un séjour assez prolongé en Lituanie, pendant lequel le comte visita les propriétés considérables de sa femme, ils revinrent tous deux en Ukraine. Helena avait 30 ans, Vincent 44 ans. Sidonie, oubliée de sa maman, avait 13 ans et François, le fils de Vincent en avait 11.

Eglise de Kowalowka
Kowalowka était un lieu très agréable à habiter. Le château était au milieu d’un grand parc, l’orangerie abritait les orangers pendant la saison froide. Un habile jardinier français transforma les jardins qui devinrent superbes. Le comte et la comtesse vivaient heureux.
Le comte devait se rendre, comme chaque année, à Dubno, ville voisine pour y rencontrer les fermiers qui prenaient à bail ses terres et renouveler leurs contrats. Cette absence désola Helena. Mais le comte devait également rencontrer l’intendant du prince évêque, car les questions du partage des biens de son frère Xavier n’étaient pas encore réglées.
Cette absence dura 2 mois, l’argent ne rentrait pas comme prévu et le partage des biens de Xavier n’avançait pas.
Après quelques mois, un petit Alexis agrandit la famille.
L’acte de séparation entre la comtesse Anna et Vincent n’était pas encore signé. Rome n’envoyait ce genre d’acte que contre de grosses sommes d’argent et comme l’argent manquait momentanément, l’expédition de cet acte était retardée. Pour tout compliquer, la comtesse Anna partit pour Paris et attendit la suite. Quand elle apprit la naissance d’Alexis, elle écrivit au prince évêque « ... je pars pour Varsovie afin de prendre les mesures nécessaires pour faire casser un mariage illégal et je refuse tout consentement au divorce... »
Cela mit le prince Massalski dans une grande colère, il se rendit compte qu’il avait fait célébrer un peu à la légère le mariage de sa nièce. Il accuse Vincent de n’avoir voulu que la fortune d’Helena. Ce qui était évidemment pas entièrement juste.
Aujourd’hui, on a de la peine à comprendre, comment Vincent n’arriva pas à emprunter la somme nécessaire, avec des biens si considérables.
Vincent se rend en janvier 1794 à Varsovie avec l’espoir de régler ses affaires avec le représentant du prince évêque et la comtesse Anna. Hélas, pendant ce temps, une nouvelle crise politique se préparait en Pologne. Le joug des Russes devenait de plus en plus insupportable. Des patriotes polonais battirent les Russes, s’emparèrent de Varsovie et firent prisonnier le prince évêque qui était arrivé dans cette ville en janvier. On l’accusait d’être le partisan des Russes. Après un procès qui traîna en longueur, il fut pendu le 28 juin 1794.
Quand cette tragique nouvelle arriva à Kowalowka, Helena venait d’accoucher d’un petit Vincent.
Le prince évêque est mort, le divorce n’est pas encore officiellement prononcé, les questions d’héritage ne sont pas réglées… En plus dans un mouvement de colère le prince évêque a menacé de tout léguer à Sidonie.
Vincent prend enfin les choses en main. Il emprunte la somme nécessaire pour payer Rome et rencontra enfin la comtesse Anna. Les négociations aboutirent et la dissolution du mariage fut prononcée le 20 novembre 1794, pratiquement deux ans après le mariage de Vincent et d’Helena.
En 1795, la Pologne est à nouveau partagée entre la Russie, l’Autriche et la Prusse. La Lituanie devint une province russe. Les biens des Massalski étant en Lituanie, le prince de Ligne écrivit à son amie l’impératrice Catherine II de Russie : « ...Helena a épousé Vincent Potocki à qui elle donne toutes les terres dont elle a hérité ou doit hériter de son oncle. Je prends la liberté de supplier votre Majesté de daigner ordonner que cette succession ne soit pas ôtée à ma petite-fille Sidonie... » C’est ainsi que Catherine II séquestra les biens du prince évêque pour sauvegarder les droits de Sidonie.
En 1795, Helena met au monde une petite fille qui mourut au bout de 6 semaines.
Catherine II exigeant que le roi de Pologne Stanislas renonce officiellement au reste de royauté qui lui restait encore, Potocki, Grand Chambellan, se rendit avec Helena à Grodno, où se trouvait ce qui restait de la cour royale.
Ils y apprennent que la comtesse Anna attaquait la légitimité des enfants d’Helena. En effet la dissolution du mariage avait été prononcée après la naissance des 2 enfants d’Helena, la comtesse Anna les déclaraient donc enfants adultérins et incapables d’hériter.
Une seule personne pouvait encore tout régler : l’impératrice Catherine II de Russie, elle seule pouvait rendre valable le mariage religieux célébré en Lituanie.
En novembre 1795, Vincent entreprend le long voyage vers St Pétersburg. Helena le suivit quelques jours plus tard, elle ne voyageait pas seul, elle était accompagnée de son premier intendant, de quatre cosaques, de son secrétaire, de deux laquais, deux postillons, quatre femmes de service et de sa demoiselle d’honneur favorite mademoiselle Karwoska. C’est un voyage de plus de 1000 km dans l’inconfort et le froid qui dure plus d’un mois. La comtesse s’arrêtera à Mohilew à cause d’une épidémie de grippe à St Pétersburg.
Vincent, après des semaines de négociation, réussit enfin à faire reconnaître son mariage avec Helena. Il retrouve sa femme, passe par Vilnius où ils apprirent également que la succession du prince évêque était en bonne voie : on l’évaluait à 16 millions, moins les dettes de 6 millions.
Pendant ce temps, le prince Charles de Ligne, beau-père d’Helena se réfugie à Vienne, de son ancienne splendeur, il n’a conservé qu’une maison sur la Mölkerbaster. Il y recevait ses amis et rédigeait ses Mémoires. Il correspondait régulièrement avec Catherine de Russie. Le 17 novembre 1796, Catherine de Russie meurt et son fils Paul Ier lui succède.

Le prince devant sa maison de Vienne (château de Beloeil)
Les années 1796 à 1798 furent les plus heureuses de la vie d’Helena, rassurée sur le sort de ses enfants, aimant son mari, certaine de posséder la plus grande partie de la fortune de son oncle, elle reçut chez elle en Ukraine, une nombreuse société polonaise et les émigrés français chassés par la Révolution française.
Hélas, Vincent, son petit garçon, décède suite à une maladie. Le comte Potocki devait souvent s’absenter pour s’occuper des biens considérables qu’il possédait. Il possédait entre autres la ville de Brody, centre commercial important.
A Kowalowka, la vie continuait tranquillement. Mais le 29 mars, son dernier enfant Alexis décède à son tour.
Le 2 janvier 1800, Vincent Potocki repart pour St Petersburg, car ses affaires devenaient difficiles, le manque d’argent se faisait sentir. Il avait perdu des sommes considérables au jeu et devait des grosses sommes à ses créanciers. Les biens de Lituanie étaient encore séquestrés.
Pendant cette absence, Helena essaie de gérer au mieux les affaires locales.
A St Petersburg, les affaires ne s’arrangent pas. En août, Vincent demande à sa femme de le rejoindre. Pendant plus d’une année, ils luttèrent contre les difficultés sans nombre et ne réussirent à rien. Elle y retrouva plusieurs de ses amies de Paris et de Varsovie.
La folie du nouveau tsar Paul Ier ne facilitait pas les choses. Ce dernier fut assassiné et son fils Alexandre lui succéda. Alexandre se montra d’une grande bienveillance envers les Polonais qu’il voulait s’attacher. Le séquestre des biens de Lituanie fut levé et en septembre 1801 Helena et Vincent quittent St Petersburg.
La comtesse reste à Koenigsberg (actuellement Kaliningrad) pendant que Vincent part pour Vilnius, vendre une partie des biens du prince évêque. Cette vente permettait le remboursement des dettes du comte, évaluées à 6 millions de florins. Cette vente libérait aussi les autres terres de Lituanie.
Ils partent ensuite s’établir une année à Amsterdam. Pendant ce séjour les affaires de Lituanie s’arrangent.
Le château de Brody était entouré de fortification, sur cette gravure on voit bien le Palais (à 14h).

La ville de Brody en 1898

La ville de Brody en 1905

La ville de Brody

La grande synagogue de Brody
En 1803, ils rejoignent Brody, en Ukraine. Brody, petite ville de près de 20'000 habitants, était la principale source de revenu de Vincent Potocki. Il possédait toute la ville et le commerce était florissant, puisqu’à cause de la guerre dans le Levant, tout le commerce avec Odessa passait par Brody. La majorité des habitants de Brody étaient juifs.
La vie à Brody était fort ennuyeuse, Paris est loin...Le comte passait ses journées à s’occuper de ses affaires avec ses secrétaires. Les partages successifs de la Pologne avaient amené dans les fortunes privées un bouleversement total. La plupart des grands seigneurs possédaient des terres dans toutes les provinces du royaume, elles se trouvaient maintenant en Autriche, en Prusse et en Russie, soumises à trois régimes différents, d’où des difficultés d’administration et de comptabilité inextricables. L’entente entre la comtesse et le comte n’est plus très bonne.
Un soir Helena découvre que son mari la trompe avec sa demoiselle d’honneur favorite Karkowska. Cette dernière est chassée immédiatement et Helena tombe gravement malade.
Vincent soigne sa femme et finalement Helena se réconcilie avec lui. Mais cela ne dure pas, car le comte continue ses infidélités, et continue à perdre des sommes folles au jeu.
La comtesse décide de quitter son mari et part pour Léopol (Lemberg, actuellement Lwiw, chef lieu de la Galicie) à une centaine de km de Brody.
Chez la princesse Jablonowska, elle retrouve le prince Charles de Ligne, son beau-père. Elle lui parla de sa vie et lui demanda des nouvelles de sa fille Sidonie. Le prince lui fit comprendre qu’elle faisait une erreur de vouloir se séparer de Vincent. La seule justification de sa conduite étant l’amour qu’elle portait au comte, si elle se séparait de lui, elle devenait aux yeux du monde une vulgaire coquette obéissant à des caprices fugitifs. D’autre part, Sidonie avait été élevée dans le respect de sa mère et souhaitait enfin la connaître.
Cinq jours plus tard, Helena revenait à Brody et fut très bien accueillie par Vincent.
Peu à peu Helena se soucie de sa fille Sidonie, elle se rend compte qu’elle a privé cette enfant de ses droits et qu’elle l’a dépouillée de son héritage. Puisqu’elle avait donné tous ses biens à son mari Vincent, l’immense fortune des Massalski devait passer aux mains du fils de Vincent : François.
Et un projet étonnant germe dans son esprit : marier Sidonie et François !
Les difficultés étaient grandes : convaincre la famille de Ligne et convaincre la comtesse Anna.
Helena se chargeait de convaincre le prince de Ligne et Vincent entreprenait Anna. Pour cela il fallait se rendre à Paris. En cours de route Helena rencontre le prince de Ligne, en route pour Vienne, et ils s’accordent sur le projet.
1806 : vingt ans après son départ, Helena revient enfin à Paris. La Révolution avait passé par là et les changements étaient énormes : guillotine, exil, destructions.
Vincent réussit à convaincre Anna de laisser son fils épouser Sidonie.
Les Potocki s’installent royalement dans un bel hôtel particulier situé rue Caumartin, ils recevaient trois fois par semaine et leur cuisinier fut déclaré le meilleur de Paris. L’hiver passe ainsi dans la bonne société de Paris, entre repas et spectacles.
Puis, il fallut reprendre les démarches pour le mariage : Vincent partit pour Dresde, Anna s’y trouvait avec son fils François. Le mariage devait se tenir à Toeplitz. Pendant ce temps, Sidonie était encore à Vienne avec le prince de Ligne.

Sidonie (château de Beloeil)
Le 8 septembre 1807, le mariage eut enfin lieu en présence d’une brillante assemblée. Sidonie était âgée de 21 ans et François de 19 ans. Helena n’y assista pas pour des raisons familiales évidentes.
Les jeunes époux quittent Toeplitz fin septembre, passent par Vienne, pour se présenter à la grand-mère de Sidonie, la princesse de Ligne. Et enfin le 23 novembre 1807, ils arrivent à Paris et Sidonie fait enfin connaissance avec sa mère.
Ainsi après de nombreuses années, Helena voit ses désirs réalisés : elle vit à Paris, sa fille et son gendre s’entendent bien avec elle, Vincent est aussi présent.
Helena et sa fille visitent les musées et achètent de nombreux livres et tableaux.
En mars1808, François entre dans l’armée française, comme aide de camp du maréchal Davout, alors en Pologne, Sidonie accompagne son mari.
En août 1809, Vincent part à son tour en Pologne pour ses affaires, Helena reste à Paris avec Sidonie, revenue de Pologne.
Mais en 1810, des rumeurs lui parviennent sur l’infidélité de son mari. Helena décide de partir, sans prévenir, pour la Pologne. L’explication des deux époux fut orageuse, mais ils se réconcilient, séjournent quelque temps à Brody et reviennent ensemble à Paris.
Le 10 mai 1811, ils achètent le château de Saint-Ouens, au bord de la Seine. C’était un ancien château royal entouré d’un parc superbe.
Rien de particulier entre 1811 et 1814. François quitte le service de la France pour celui de l’empereur Alexandre Ier de Russie, Vincent continue ses voyages fréquents en Pologne.
En 1814, la chute de Napoléon permet la restauration de la monarchie bourbonienne. Soutenu par la Grande-Bretagne et agréé par le gouvernement provisoire présidé par Talleyrand, Louis XVIII entre dans Paris le 3 mai 1814. La veille de son entrée à Paris, Louis XVIII logea au château de Saint - Ouens, chez la comtesse Potocka. (Par la suite, le roi rachète la propriété, la fait détruire, et charge l’architecte Jean-Jacques Marie Huvé d’édifier un château destiné à sa favorite, la Comtesse du Cayla. )
Le 1er octobre 1814, la comtesse part pour Brody rejoindre Vincent qui avait quitté Paris au début mars.

Construit entre 1664 et 1669 par Le Pautre pour Joachim Séglières de Boisfranc, chancelier du duc d’Orléans, le château de Saint Ouen passe dans la famille De Gresves par le mariage de la fille Boisfranc au fils De Gresves en 1690. Par la suite il passe entre différentes mains entre 1797 et 1811 où, le 10 mai, il est acheté par le comte Vincent Potoki. A la mort de la comtesse Helena, il est racheté par Louis XVIII qui le détruit et fait construire celui que nous voyons toujours. (Gravure fournie par l'Office de Tourisme de Saint-Ouen www.st-ouen-tourisme.com)




Louis XVIII et l'actuel château de St Ouen à Paris
Au même moment à Vienne, entre octobre 1814 et juin 1815, le Congrès de Vienne redessine la carte de l'Europe en annulant la plus grande partie des transformations géopolitiques provoquées par les guerres révolutionnaires et poursuivies pendant l'ère napoléonienne. Dernière manifestation des fastes diplomatiques de l'Europe de l'Ancien Régime, il consacre la défaite française, et pose les bases - précaires - d'un équilibre européen.
Le 13 décembre 1814, le prince Charles de Ligne décède à Vienne, à l’âge de 79 ans. Ses funérailles furent suivies par toute la noblesse réunie à Vienne, elles furent grandioses.
Il est inhumé dans le petit cimetière sur le Kahlenberg. (Son épouse Françoise de Lichtenstein l’y rejoindra en 1821, ainsi que Sidonie en 1828.)
Après les funérailles, Sidonie rejoint sa maman à Brody. Au printemps 1815, elles partirent pour Vienne et s’installèrent dans une petite maison de campagne à Hitzing, Vincent les rejoint et après 3 mois, elles retournèrent à Paris, où elles arrivèrent le 7 septembre 1815. Vincent de son côté retourne en Pologne.
Tombe de Sidonie, de Charles de Ligne et de sa femme dans le petit cimetière sur le Kahlenberg
Dans la nuit du 30 octobre, Helena fut prise de douleurs subites et expira après douze heures, à l’âge de 52 ans. Elle fut inhumée au cimetière du Père Lachaise.
On peut lire dans les registres du cimetière :
« Helena Massalska, femme Potocki, deuxième ligne, à la droite du tombeau du maréchal Ney, 44e division, inhumée temporairement pour 5 ans, le 2 novembre 1815, a été transportée le 21 mars 1840 dans la fosse commune, où elle a été délaissée ! »
Le personnel était composé d’un cuisinier, de deux marmitons, un crédencier, un sommelier, un frotteur, deux laquais, un maître d’hôtel, une première femme de chambre, deux secondes, deux filles de garde-robe, une femme de charge, deux cochers, quatre palefreniers, deux chasseurs, deux valets de chambre, deux secrétaires et un intendant. Soit un total de 28 personnes.
Sa garde-robe dépasse ce que l’on peut imaginer :
Ses bijoux :
Quand elle partait pour Brody, elle emportait généralement 100 pots de rouge, 200 livres de poudre à poudrer, 200 pintes d’odeurs, 100 pots de pommade et pour les cadeaux divers :
100 pièces d’étoffes, 100 petites corbeilles, 500 différents joujoux d’enfants,...
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