Château d'Oron: L'abattage du Tilleul

Opération délicate au Château d'Oron, le 12 janvier 2000 : le tilleul majestueux qui sert d'ombrage à la cour depuis près de deux siècles et demi est condamné. Devenu dangereux, l'ancêtre a été abattu, au grand dam de l'Association qui se bat pour la conservation du Château.

Le vénérable tilleul, dont la silhouette imposante se dressait au côté du Château d'Oron, ornait déjà les gravures du 18ème siècle. Avec le temps, sa couronne reconnaissable loin à la ronde s'était élargie. Mais ce sont surtout ses racines qui sont devenues source de souci pour les membres du Comité actif à la conservation du vieil édifice. En effet, les craintes de ce dernier ont été confirmées. Le verdict de M.W. Birchmeier, ingénieur EPFL a été sans appel: le feuillu doit être abattu sans tarder. Sa masse et la croissance des racines présentaient un risque pour la solidité du mur de soutènement de la cour extérieure. La maçonnerie avait déjà subi une poussée et se trouvait passablement détériorée. L'effondrement de ce mur qui surplombe de plus de 10 mètres la colline du Château pouvait survenir à tout moment. Situé à moins de deux mètres, quasiment appuyé contre lui, le tilleul, dont la charge sur les pierres était augmentée par la poussée du vent présentait un danger important.

Bien que désolé de cette issue, le Comité a dû se résoudre à ordonner son abattage. Commune et Canton ont donné leur aval. Une opération délicate au vu de la situation et de l'envergure du tilleul. Cette mission spectaculaire a été confiée à l'entreprise de Quittner de Chesalles sur Oron, spécialiste en la matière. Les tronçonneuses sont entrées en action durant la matinée du 12 janvier 2000.



Le tilleul a vécu

Bertrand Dubois, journaliste de 24Heures (13 janvier 2000)

Les racines de l'aïeul planté voici 250 ans par les Bernois, mettaient en péril le mur de la terrasse.

Discrètement sucré et fleuri, le parfum des baies éclatées du tilleul, en juin, ne flattera plus les narines des hôtes arrivant par la cour principale au château d'Oron. Hier, les tronçonneuses ont eu raison de cet aïeul de plus de 250 ans. «S'il parlait, il dirait la Révolution vaudoise ou encore le départ des derniers châtelains, les bourgeois français de la famille Gaïffe, qui avaient racheté le château en 1870», commente André Locher, vice-président de l'Association pour la conservation du château (ACCO).

L'arbre évoquerait aussi son émotion la plus forte avant celle provoquée en lui par le tintamarre des tronçonneuses, soit celle ressentie le 26 décembre dernier, lorsque les vents en furie de l'ouragan Lothar ont fait plier comme jamais ses plus fortes branches. Sans qu'elles ne cassent pourtant. Ce qui témoigne de son excellente santé. Ce n'est, en effet, pas la maladie qui le condamne, mais bien le danger que ses insidieuses racines faisaient peser sur le mur de soutènement de la terrasse où il a été planté.

Dix tonnes

Une aquarelle montre que le tilleul était partie intégrante à la silhouette du château d'Oron en 1777 déjà. Sur le document, l'arbre est probablement déjà «vieux» de 20 à 30 ans. C'est dire qu'il a bien 250 ans aujourd'hui. Il a été planté par les Bernois, dont 43 baillis se sont succédé au château d'Oron de 1555 à 1798. Alors, le dernier de ces suzerains, Jean-Rodolphe de Mulinen, a été prié par la population locale de quitter la demeure.

Deux cents ans plus tard, le tilleul a vécu

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