Château d'Oron: Consolidation du plafond de la bibliothèque 1978-1979

Oron facades

Consolidation du plafond de la bibliothèque 1978-1979

Le château d’Oron possède une très belle salle de près de 100 m2de surface, ornée d’un beau plafond de bois du XVIe siècle. Cette salle a été aménagée en bibliothèque pour la remarquable collection de livres d’Adolphe Gaïffe vers 1883. Le plafond très déformé, provoquait l’inquiétude des responsables du monument. Visiblement, il menaçait de s’effondrer. Une partie des poutres qui le supportaient étaient en effet pourries à tel point que leurs extrémités avaient totalement disparu, rongées par l’humidité. La charpente du toit sur cette salle présentait également des désordres inquiétants, poutres pourries, pièces manquantes, assemblages disjoints. Enfin toute cette construction de bois était une menace constante pour la bibliothèque. Que serait-il advenu si le feu avait pris dans les combles du château ?
Le problème à résoudre n’était pas simple. Il fallait consolider charpente et plafond tout en mettant en place une protection efficace contre le feu, Il fallait en outre opérer en ne portant atteinte ni au plafond, ni à la charpente, éléments importants du monument. De plus, la charpente était mal structurée, résultat du raccord assez maladroit entre deux toitures d’époques différentes, l’une du XVIe siècle probablement, l’autre nettement plus récente.
L'examen des lieux a montré que le plafond était cloué sous des poutres de 10 m de portée environ, en chêne, d’assez forte section et très rapprochées les unes des outres. Sur cette poutraison reposait, par l’intermédiaire de cales, les entraits de la charpente du toit. Des restes de planchers de chambres de personnel aménagées tardivement dans le toit masquaient en partie les poutres fortement altérées, comme il a été déjà dit.
Après études de différentes solutions possibles, en particulier des structures an profilés métalliques et éléments en béton préfabriqué, on a opté, malgré les risques d'un travail introduisant des quantités importantes d’eau, pour une solution de dalle et sommiers en béton, coulés sur place. La manipulation de grosses pièces métalliques était en effet pratiquement impossible dans la charpente et leur introduction bien difficile. De plus, une structure assemblée risquait de laisser des points faibles, propices ou passage de l'eau en cas d’inondation des combles par un orage ou lors d’un incendie toujours possible.
La solution adoptée en collaboration étroite avec l'ingénieux Monsieur Duttweiler de Lausanne, est la suivante - La charpente du toit a été réparée, certaines pièces restituées, d'autres consolidées par injection de résine époxy. Ensuite par un étayage provisoire, la poutraison portant le plafond de la bibliothèque a été soulagée du poids de la toiture, puis elle a été nettoyée et renforcée par injection de résine.
Enfin après mise en place d’une étanchéité, une dalle de béton a été coulée, raidie et portée par deux gros sommiers renversés. Le béton a été monté jusque dans les combles à l’aide d’une pompe refoulante.
Préalablement à la mise en place de la dalle, des tiges collées à l’époxy ont été profondément engagées dans les poutres du plafond, tiges dont la partie supérieure est prise dans le sommier de béton.
La poutraison se trouve de ce fait suspendue à la nouvelle dalle.
Toute cette opération a nécessité, évidemment la prise en charge du plafond de la bibliothèque par un étayage compliqué du fait de l’ornementation en caissons de ce plafond et de la fragilité des bois mangés pas la vermine. La charge ainsi reportée sur le plancher de la bibliothèque a été reprise dans l’entrée du château, sous la bibliothèque par de grosses colonnes de bois. Aucun mouvement ne s’est produit.
Après exécution de la dalle dans les combles, les étayages ont pu être retirés et la toilette du plafond exécutée, traitement, cirage, etc. Il est à remarquer que le plafond est formé de gros plateaux dont les joints sont cachés par des couvre-joints moulurés et que d’autres moulures placées perpendiculairement donnent à l’ensemble l’aspect d’un damier qui n’est pas l’image de la structure constructive du plafond.
La restauration de la bibliothèque a été complétée par l’aménagement, dans d’anciens locaux de latrines, d’une petite salle de consultation où le chercheur peut, à l’aise, travailler avec les ouvrages rares conservés dans la bibliothèque, hors du circuit des visiteurs.
C’est l’occasion de souligner ici que parfois l’intervention dans un monument ressert plus de la conservation que de la restauration et que des travaux coûteux ne sont parfois pas ou ne sont que très peu apparents. Si de telles interventions peuvent paraître ingrates pour ceux qui sont appelés û les réaliser, elles présentent toutefois un réel intérêt en obligeant è chercher la solution idoine qui n’est pas forcément la plus simple, mais celle qui modifie le moins le monument et s’y intègre le plus discrètement.

PIERRE MARGOT
architecte SIA EPUL.

Oron bibliotheque

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