La réfection des façades sud—ouest et sud-est

Les études préalables et l'exploration archéologique des façades ont été conduites sous la direction de Monsieur Edmond Virieux, ancien architecte cantonal, aujourd'hui décédé, assisté de Monsieur Eggimann dessinateur, également disparu. Les travaux furent confiés aux entreprises suivantes

Maçonnerie et pierre de taille : Maison Delmonico à Oron-la-Ville Maison Bianchi à Lausanne
Menuiserie : André Stoeckli & fils, Oron-la-Ville
Couverture : Maison Ganty & fils, Palézieux
Peinture : H. Willy Zollinger, à Lausanne
Ouvrage d'art : Melle Anne-Françoise Pelot, Chardonne
Traitement des pierres et analyse : M. Robert Dubois, ingénieur, Belmont s/Lausanne
Ferronnerie : M. Louis Mellina, Oron-le-Châtel

Le chantier s'ouvre le 15 avril 1969 sous la direction du président de la commission de restauration du comité de l'association. M. Virieux, gravement malade, se fait remplacer par M. Emile André, architecte.
Le piquage des murs laisse apparaître un appareil architectural très hétéroclite, provenant en partie de la construction et en partie de restaurations plus ou moins bien faites. On s'aperçoit immédiatement qu'il est impossible de laisser la pierre apparente et qu'il s'agit de recouvrir le château d'un crépi, comme il l'a du reste toujours été.
On découvre durant ce travail l'ancienne poterne qui sera restaurée, les trous probables des hourds et une fenêtre du XVIème siècle, témoignage précieux que nous maintiendrons. Heureuse surprise également : dégagement d'un couronnement architectural polychromique en brique sous le toit, qui sera remis en état par les soins de Mademoiselle Pelot et de Monsieur Zollinger.
On profite des échafaudages pour ouvrir à nouveau les créneaux des tourelles d'angle et retenir les toitures qui en avaient le plus grand besoin.
Détail amusant: la poutraison, changée également, portait au crayon la signature du charpentier Bulo et la date de 1747
Le toit de la bretèche, en forme de clocheton, a été complètement rénové, les poutres en mauvais état changées et les écailles en fer blanc remplacées par du cuivre. Les poinçons des tourelles et les boules, dont deux d'étain du XVIIe siècle, ont été également repeints, remplacés ou réparés.
Les encadrements des fenêtres en molasse ou en grès qui menaçaient ruine ont été remplacés par des copies taillées dans le même matériau, comme du reste toutes les autres ouvertures : meurtrières, canonnières, créneaux, abîmées par les intempéries et l'usure des ans.
En résumé, nous nous sommes efforcés de remettre en valeur tous les motifs architecturaux et archéologiques que les siècles avaient inscrits dans les façades.
Mais notre gros souci restait le crépissage des façades. Heureusement un mur extérieur du XVIème siècle se trouva, à la suite de constructions postérieures, protégé en devenant un mur intérieur. Il nous permit ainsi de reconstituer quasiment dans son intégrité l'allure du château d'Oron au XVIème siècle.
D'autre part les restes de trois crépissages successifs sur les murs extérieurs nous conduisirent tout naturellement à traiter nos façades de la même façon. L'analyse scientifique des mortiers et crépis confirma nos prévisions.
C'est pourquoi nos façades sont blanches.
Nous avons donc la certitude d'avoir oeuvré dans le sens qu'impose actuellement le règlement sur les monuments historiques, qui exige que nos édifices restaurés soient dans toute la mesure du possible remis dans leur état primitif.

Il est certain que des profanes peuvent être surpris de retrouver un château gris et des façades lézardées sous cet aspect si neuf et flamboyant. Mais très rapidement le temps fera son oeuvre et, avant quelques années, aura donné au château un patiné du meilleur effet.

Non seulement toutes les précautions ont été prises, mais nous avons pu nous assurer la collaboration de personnalités aussi dévouées que compétentes : M. Schmid, Président de la Commission fédérale des monuments historiques M. Pierre Margot, architecte, expert fédéral M. Dessemontet, Directeur des archives cantonales M. Chapuisat, archiviste cantonal M. Grandjean, préposé aux monuments historiques vaudois M. Edgar Pelichet, Archéologue cantonal.
Ils ont tous droit à notre profonde gratitude pour leur aide et leurs conseils.

Un heureux hasard a conduit Lord Taylor, Inspecteur général des monuments historiques du Royaume-Uni au château d'Oron, durant les travaux. Il a vivement apprécié la qualité de notre ouvrage et nous a fait part de ses félicitations. Nous nous plaisons à penser que son avis autorisé confirme agréablement l’oeuvre accomplie.
Nous ne saurions terminer ce bref aide-mémoire sans adresser nos plus vifs remerciements au Conseil d'Etat du canton de Vaud ainsi qu'à la Confédération pour leur aide financière, sans laquelle nous n'aurions jamais osé entreprendre des travaux d'aussi grande envergure.

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