Autres vues aériennes de Rennaz
Le château placé en bordure de la route, à la sortie du village de Rennaz, en direction d'Aigle, offre un grand intérêt à la fois par son histoire et par son architecture. Enfoui dans la verdure, entouré de hauts murs, il mérite bien son nom de Grand Clos. Avant les bâtiments actuels qui datent du XVIIe siècle, il y eut là une maison forte qui avait appartenu à la famille de Duin de Bex.
La maison forte de Rennaz eut la chance d'être choisie en 1476 comme résidence d'un gouverneur par les Bernois.
Un siècle plus tard, le Grand Clos était la propriété du châtelain Bouvier, lieutenant baillival de Chillon et recteur de l'hôpital de Villeneuve. C'était le neveu d'Isbrand Daux qui organisa en 1588 une conjuration pour reprendre le Pays de Vaud aux Bernois et le replacer sous la domination savoyarde. Le complot échoua et Bouvier, qui avait appuyé son oncle, fut arrêté par le bailli de Chillon. Mais Bouvier demanda la permission d'aller mettre ses papiers en ordre à Rennaz. On lui donna une escorte de soldats qu'il abreuva copieusement de son excellent vin de Villeneuve, jusqu'à ébriété complète, après quoi il prit le large, celui du Léman, sur une barque qui le transporta en Savoie. Bouvier ne revint jamais au pays et ses biens furent saisis par les Bernois, en particulier le château de Rennaz. Peu après, en 1702, le domaine fut racheté par le châtelain de Noville, Abraham Guillard, dont les petits-fils construisirent, de 1760 à 1763, le château actuel, ne gardant de l'ancienne maison forte que quelques fondations et murs englobés dans les nouveaux bâtiments.
Comme beaucoup de demeures du XVIIIe siècle, celle-ci n'offre plus aucun souvenir du Moyen Age: plan symétrique, grandes fenêtres, sans meneaux, toits à la Mansard; dans le jardin ombragé, une pièce d'eau avec fontaine jaillissante. Tout invite au plaisir de vivre et on y est protégé contre la curiosité des manants par de hauts murs, spécialement hauts à Rennaz.
Les bâtiments ruraux sont à part, mais ils sont reliés à l'ensemble par une enfilade de cours fort plaisante; cour d'honneur et cour des communs reliées par une porte monumentale. Perpendiculairement à cet axe s'allonge l'axe du bâtiment principal et du jardin dont le centre est occupé par le bassin rond.
Le Grand Clos fut choisi par des hôtes illustres: pendant les guerres napoléoniennes ce fut d'abord le poète anglais Mathison qui y composa une partie de ses oeuvres. En 1837, le comte de Naundorff, le pseudo Louis XVII, s'y installa avec sa femme et ses six enfants, et y passa son temps à revendiquer l'héritage du roi Louis XVI. De 1854 à 1858, un autre Français, le républicain Maire, y séjourna à l'abri des foudres de Napoléon III. Dix ans plus tard, le Grand Clos est occupé par un pensionnat anglais qui compte parmi ses élèves le futur commandant de l'armée anglaise pendant la guerre des Boers en 1901 et 1902, lord Kitchener.
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