Le château de Rochefort à Allaman

Rochefort Allaman

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Rochefort Allaman

S'il n'offre pas, à l'instar d'autres châteaux de La Côte, une structure remarquable par son élégance, Rochefort se pare cependant d'un certain charme que l'on peut qualifier de «rusticité tranquille». Un charme dû en grande partie, il est vrai, au découpage du bâtiment, à son donjon coiffé d'un toit octogonal aux pans inégaux, à sa galerie de bois agrémentant la façade est qui, sans ce «rajout» architectural, eût été passablement fade.
D'ailleurs, l'ensemble, vu du grand pré bordant la propriété au sud, est harmonieux: le château lui-même, la Maison de Rochefort à droite et le clocher de l'église surmontant le tout offrent au regard un aspect cossu, paisible. Et les volets à chevrons blanc-rouge - officialisant ici la possession lausannoise - ajoutent aux bâtiments une touche de gaieté, notamment à la mauvaise saison, quand la nature a viré au gris terne hivernal.
On a souvent écrit que ce château était sans histoire parce que jamais pillé, brûlé ou témoin de batailles au temps des Savoyards ou des Bernois. Sans histoire, donc heureux.
Tellement sans histoire, d'ailleurs, qu'aucun écrit digne de ce nom ne nous restitue une date précise de construction. Alors, va pour le Moyen Age - repère commode et écoutons Gilbert Coutaz, archiviste de la commune de Lausanne, qui évoque ce château dans un remarquable ouvrage publié en 1987 à l'occasion d'une exposition retraçant l'histoire des domaines de la Ville.
«A Allaman, le visiteur est surpris de trouver deux châteaux. Le partage au Moyen Age de la seigneurie d'Allaman entre les seigneurs d'Allaman et ceux qui avaient en commun la région d'Aubonne explique cette situation. Les coseigneurs d'Aubonne qui habitaient le château du même nom avaient fait construire une maison forte à Allaman pour la surveillance de leurs terres et des hommes qu'ils utilisaient. C'est précisément celle-ci qui passa au XVe siècle dans le patrimoine des Menthon, seigneurs de Rochefort en Savoie, qui laissèrent ainsi leur nom au château. (...) A partir du XVIe siècle, les familles de Diesbach, de Cerjat, de Langallerie et de Sellon se succédèrent à la tête du domaine agricole et viticole dépendant du château. Ce sont Antoine Albert (bourgeois de Lausanne, descendant de réfugiés huguenots venus de Ryons, en Dauphiné) et son épouse Anne-Louise-Georgette Recordon qui en furent les derniers propriétaires particuliers.» -
Antoine et Anne, qui devaient mourir sans descendance en 1838, léguèrent leur propriété à la Bourse des pauvres de la commune de Lausanne. L'homologation du testament des Albert est datée du 11 octobre 1838. A Allaman - où hélas pas mal d'archives anciennes ont été brûlées «pour faire de la place» certains avancent que le domaine aurait été offert à cette commune, mais que celle-ci l'aurait refusé, craignant sans doute un excès de charges pour ses maigres finances...
On sait encore que Rochefort fut grevé jusqu'en septembre 1846 d'un usufruit en faveur de Nicolas Schenker, de Rolle. En 1877, le château subit de notables réparations et dès 1899 les vignerons successifs du domaine y logèrent. A noter que la Maison de Rochefort, à l'opposé de la cour datant du XVIIIe siècle, abrita jusqu'en 1915 le bureau des postes de la commune d'Allaman.
Tandis que la partie rurale a été rénovée de fond en comble entre 1929 et 1931, les toits et l'intérieur du château (où subsistent de belles charpentes, des plafonds moulurés et une très vieille cheminée en molasse) ont subi des travaux de réfection entre 1972 et 1978.
C'est en 1983 que l'appellation cadastrale «Château Rochefort» a été officialisée pour ces crus, lesquels arboraient auparavant, sur leurs étiquettes, la simple mention «Allaman».

Bibliographie

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