Uri Le château de Attinghausen (auf deutsch)

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Les ruines du château d'Attinghausen, en son temps l'un des plus importants ouvrages défensifs du canton, se dressent sur une colline rocheuse au centre du village. Depuis 1896, ce monument appartient à l'Association pour l'histoire et les antiquités du canton d'Uri. Il fut soumis en 1897/98 déjà à de vastes travaux de dégagement et de restauration. Il a fallu en 1979 consolider une nouvelle fois ces murs rongés par le temps, travail qui fut précédé lui aussi de fouilles archéologiques. Les sondages, même s'ils ont été entrepris sur une surface relativement petite, ont fourni d'importantes indications sur l'ouvrage d' Attinghausen .


Les ruines actuelles se trouvent au centre d'une installation antérieure, qui devait être beaucoup plus étendue. Remontant vraisemblablement au début du XIIe siècle, voire même au XIe siècle, cet ouvrage consistait en un château retranché cerné d'une enceinte, en un fossé circulaire et en une avant-cour couverte elle-même par une ceinture de murs; l'avant-château se dressait sur le plateau qui s'avance vers le nord. Aujourd'hui, le fossé circulaire primitif est pratiquement comblé. Les bâtisses édifiées à l'intérieur de l'enceinte étaient certainement en bois, c'est pourquoi il n'en est rien resté. Les pans de mur encore visibles appartiennent à une construction plus récente, datant probablement de la première moitié du XIIIe siècle. D'après les modifications intervenues vers 1200 dans la technique de construction des fortifications, ce second ouvrage n'a plus dû comporter les trois éléments principaux - château retranché, fossé circulaire et avant-cour - mais un haut donjon carré isolé et un mur d'enceinte de plan irrégulier. Dans la partie méridionale du château, un bâtiment de bois s'adossait sur la face intérieure du mur d'enceinte; il n'était éclairé que par trois meurtrières étroites. Cette partie du château a subi vers 1300 d'importantes transformations. La maison de bois a été remplacée par un grand corps de logis en pierre. Au-dedans, des murs le divisaient en trois parties et on y accédait par une porte pratiquée au niveau du sol. Les découvertes faites lors des travaux de dégagement entrepris en 1897/98 dans la partie sud du château indiquent que les salles des étages supérieurs étaient habitées. Les locaux du rez-de-chaussée en revanche ont probablement servi d'écuries et de remises agricoles. C'est du moins ce que permettent de supposer différents objets mis au jour.

De nos jours, ce monument ne présente plus que des vestiges. A sa base, l'importante tour carrée mesure onze mètres de côté; l'épaisseur des murs est elle aussi considérable: trois mètres! Quant à leur parement, il consiste en un appareil très soigné de pierres équarries. Au pied ouest de la tour, on voit encore le socle qui soutenait un escalier de bois menant à une porte surélevée pratiquée au niveau du deuxième ou du troisième étage.

Il faut rechercher hors des frontières uranaises l'origine de la dynastie des Attinghausen-Schweinsberg. Peut-être les Attinghausen formaient-ils une branche de la lignée de Signau, qui avait son siège à Schweinsberg, près d'Eggiwil, dans l'Emmental. Il ne reste aujourd'hui du plus ancien château de Schweinsberg que le fossé. Quant à l'ouvrage qui lui a succédé et que seuls rappellent le nom et quelques fossés et levées de terre, il se dressait à l'entrée de la vallee d'Eggiwil, sur un éperon rocheux nommé Schweissberg. On ne connaît pas les motifs qui ont incité les propriétaires de ces châteaux, sis dans leur propre seigneurie, à les abandonner, ni l'époque à laquelle ont eu lieu ces départs. Ce qui est certain, c'est que vers 1240, le château uranais d'Attinghausen était le centre d'une seigneurie foncière considérable. Le château lui-même n'est mentionné dans un document que beaucoup plus tard, le 3 février 1357. Divers manuscrits datant de 1240 à 1253 font allusion à un seigneur Ulrich qui, selon où il se trouvait, en Haute-Bourgogne ou en Suisse centrale, se nommait «d'Attinghausen» ou «de Schweinsberg». Avant que la dynastie des Attinghausen ne participe activement à la politique uranaise, elle fut fréquemment appelée à rendre témoignage dans d'importantes affaires. La position sociale de la famille d'Attinghausen s'éleva encore avec la génération suivante. En 1275, le seigneur Werner II d'Attinghausen, le futur landamrnann, fut cité comme témoin dans une affaire qui opposait Uri et l'abbaye d'Engelberg à propos de paccages. C'est au plus tard en 1294 que Werner d'Attinghausen a assumé pour la première fois la charge de landammann; il fut probablement le successeur d'Arnold de Silenen. En sa qualité de landammann, il agit aussi bien dans son propre intérêt que dans celui de la chose publique. Grâce à des privilèges concédés en 1297 par le roi Adolphe et en 1316 par Louis de Bavière, grâce aussi à la victoire remportée à Morgarten, il parvint à assurer la sécurité diplomatique et militaire du territoire uranais. Uri et le couvent d'Engelberg ayant à plus d'une reprise eu maille à partir, on voulut charger Werner d'Attinghausen d'arbitrer leurs litiges; sans succès toutefois. Il ressort en effet de la demande présentée par le couvent que c'est Werner d'Attinghausen lui-même qui plus d'une fois avait poussé les Uranais à enfreindre les lois. Il est intéressant de constater que ce premier landammann uranais issu de la maison seigneuriale des Attinghausen se nommait encore «de Schweinsberg» en 1288, mais qu'à partir de 1290, il adopta le nom de «d'Attinghausen», tout en continuant cependant à faire figurer son ancien nom sur son sceau.

En se faisant confier l'important péage impérial de Fluelen, il fit passer entre les mains des Uranais le contrôle de la route du Gothard. Après la mort de Werner d'Attinghausen, les fonctions de landammann furent probablement confiées à son fils Jean, qui les exerça sans interruption jusqu'à sa mort, survenue en 1357. C'est le seigneur Jean d'Attinghausen - bien des documents lui donnent le titre de «chevalier» - qui en 1339 conduisit les Uranais à la bataille de Laupen et c'est lui aussi qui fut l'un des promoteurs les plus ardents de l'alliance des huit cantons. Seuls figurent dans le pacte perpétuel d'alliance signé avec la ville de Zurich le 1er mai 1351 les noms de Rodolphe Brun, bourgmestre de Zurich, et de Jean d'Attinghausen, chevalier et landammann. Pour le chef zurichois, cette alliance représenta le moyen de mieux défendre sa ville, qui se trouvait alors dans une situation difficile, et pour les Confédérés le premier accroissement du côté du Plateau. L'intérêt commun porté par ces cantons à la route du Gothard a sans doute contribué pour une large part à la conclusion de cette alliance. Vers la fin de sa vie, Jean d'Attinghausen réussit encore à étendre sa puissance jusque dans le Haut-Valais et en 1354, il fut nommé «Rector Vallesiae» par l'empereur Louis.

Comme d'autres dynasties, la lignée des d'Attinghausen vit de plus en plus diminuer le nombre de ses membres en raison de la prédominance de descendantes, qui ne purent pas toutes contracter des mariages conformes à leur condition. Ni les Meier de Simpeln, du Haut-Valais, ni les Fryberg des Grisons, ni encore les chevaliers de Rudenz, ne pouvaient prétendre à un rang social égal a celui des seigneurs d'Attinghausen.

La suprématie des d'Attinghausen prit brusquement fin. Jean fut nommé pour la dernière fois landammann le 27 novembre 1357. Peut-être faut-il rechercher les causes de la chute de Jean dans son irrésistible besoin d'accroître toujours plus sa puissance. Une seconde explication, c'est que d'autres familles parvinrent pendant la première moitié du XIVe siècle à affermir leur position. Avec le temps, leurs buts devaient inévitablement se heurter aux intérêts des seigneurs d'Attinghausen. En politique intérieure, les objectifs de ces derniers croisèrent ceux des familles Meier d'Erstfeld et de Silenen, en politique extérieure, c'est-à-dire dans la région du Gothard, les ambitions de la famille des von Moos et en Haut-Valais les plans de celle de Simpeln.

Aussi bien l'origine des seigneurs d'Attinghausen que la fin de leur domination en pays uranais demeurent donc obscures.

Bibliographie

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