Fribourg : le château de Prez- vers - Noréaz - Schloss Prez- vers - Noréaz (auf deutsch)

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Le château de Prez

Dans le tome 2 de Histoire du canton de Fribourg, édité en 1981, Etienne Chatton écrit : «Seedorf, construit en 1769 par les Von der Weid est-il l’ébauche du chef-d’œuvre réalisé l’année suivante à Prez pour les Féguely ?» A l’époque conservateur des monuments historiques, Etienne Chatton ne tarit pas d’éloges dans sa description du château de Prez : harmonie et rythme des façades et du perron, proportions parfaites. On ignore quel en fut l’architecte, probablement inspiré par le traité de l’architecte français Briseux.

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Le château devenu banque

En 1969, le château a été classé monument historique. Cette même année, le 29 décembre, la commune de Prez le vendait à la Caisse d’épargne de Prez, Corserey et Noréaz. Des travaux de rénovation et de transformation de longue haleine furent entrepris. On peut aujourd’hui admirer le résulat. Le 17 juillet 1990, la banque de Prez était installée dans les magnifiques locaux du château.

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Autrefois, résidence aristocratique

La famille de Féguely, qui fit bâtir le château au XVIIIe siècle, comptait diverses branches dans le canton de Fribourg : la souche de Cugy, à l’origine des  branches  de Vivy et de Seedorf, et les branches de Prez et Autigny. Le DHBS, en 1926, assure que les Féguely de Prez et Autigny sont encore représentés en Australie. Le dernier de Féguely propriétaire du château de Prez est Albert. Il est cité à diverses reprises dans les procès-verbaux du Conseil communal. Dans les années 1850 et 1860, lorsqu’il s’agit de désigner une commission ou un bureau - examen des comptes, élection d’un conseiller communal - il est souvent fait appel à Albert Fégely, nommé parfois M. Albert dans les procès-verbaux. En 1862, le secrétaire François Galley ajoute la particule de et écrit de Féguely. Ce nom de famille, comme indiqué ailleurs, figure sous diverses graphies dans les documents consultés : Fegely, Fégely, Feguely, Féguely...

Albert de Féguely est né en 1830 et il est décédé à Nice en 1887. Comme de nombreux aristocrates, il fut officier au service militaire étranger. Il a acquis le grade de lieutenant au 13e Chasseurs suisses à Naples. Revenu en Suisse, il occupa deux fois les fonctions de préfet, à Estavayer-le-Lac, puis à Fribourg. Lorsque, en 1871, l’armée du général Bourbaki fut internée en Suisse, Albert de Féguely s’est occupé des malades, ce qui lui a valu une lettre de félicitations du gouvernement français.

Après avoir appartenu à la famille de Féguely, le château passa pour un temps en mains bernoises. L’acquéreur fut M. Roth-Fehr, à Berthoud.

L’école au château

Le 13 novembre 1891, l’assemblée communale décide d’acheter le château pour y établir les écoles. Cette opération - note le secrétaire Alexis Rosset - nous procurerait divers avantages : nous posséderions un bâtiment solide et spacieux, admirablement situé, avec des grands jardins et toutes les aisances nécessaires. (...) Nous devons aussi chercher à reconquérir notre sol. Le propriétaire, M. Roth-Fehr, à Berthoud, a chargé le conseiller national Gottlieb Berger  - voir ci-après la note qui le concerne - de la vente de sa propriété. Les délégués du Conseil communal se sont rendus à Berne et ont présenté une somme de 22 000 fr. pour le château et ses dépendances, soit la grange, le four et sept poses de prés et jardins. Le conseiller national Berger demande 24 000 fr. Cette somme n’est pas exagérée, estime Jules Chollet, conseiller communal. Car il faut tenir compte de la location de 300 fr. que nous payons pour l’école des filles et du subside de 2000 fr. que l’Etat accordera. L’assemblée accepte le principe d’achat du château et désigne une commission pour terminer le marché au plus bas prix possible. MM. François Rothey, syndic, Jules Chollet et Berger Capitaine sont désignés.
Le 21 décembre 1891, l’assemblée s’occupe de l’adjudication des terres du château. La mise en bloc est échue à Joseph Rothey pour la somme de 12 260 fr. Ainsi, le château avec 18 ares ne nous coûte que 10 000 fr
Le 29 mars 1892, en vue de l’aménagement du château, un premier crédit de 4000 fr. est demandé. Par la suite, explique le syndic à l’assemblée, un crédit définitif de 15 000 fr. sera soumis à l’approbation des citoyens. Lors de la même assemblée, des explications sont données sur les tentatives de vente de la maison d’école. Le 2 novembre 1892, le Conseil prend connaissance du compte définitif de l’achat du château. Achat : 23 000 fr.; stipulation et frais divers : 1049 fr.; réparations : 3020 fr. Total des dépenses : 27 070 fr. Recettes : 13 384 fr. Coût total : 13 686 fr.

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Une annexe pour l’école ménagère

Le 9 avril 1907, l’assemblée approuve le projet de construction d’un local pour l’école ménagère, à côté du château. Les plans ont été élaborés par l’architecte Andrey, de Fribourg. Lucien Berger, charpentier, a estimé le prix de son travail à 2394 fr. L’entrepreneur Evariste Macchi recevra 3551 fr. pour la maçonnerie, la gypserie et la peinture. Le projet de construction est accepté à l’unanimité. Les travaux devront être terminés le 1er septembre 1907. En 1904 déjà, l’instituteur Alexis Rosset souhaitait l’ouverture d’une école ménagère. Dans une lettre adressée à l’Instruction publique, il se plaignait – c’est rapporté dans sa biographie - de l’inertie des autorités communales. L’école ménagère fut ouverte en 1906. Elle était installée à l’étage de la maison Pache (Cf. Histoire et histoires de Noréaz p. 89). L’entrée en jouissance avait été fixée au 26 décembre 1905. Le 22 décembre 1905, les conseillers communaux Lucien Berger et Jules Chollet furent désignés pour aller acheter à Fribourg les ustensiles de l’école ménagère. Le 25 octobre 1906, le Conseil communal a fait une demande 200 fr. à la Direction de l’Instruction publique, pour payer la location due à Antoine Pache.
Dans nos campagnes, les autorités ne gratifiaient pas les maîtresses d’école ménagère que de renforcements positifs... Le 2 mars 1911, le Conseil communal répond à la Sœur de cette école que la commune ne paiera que le strict nécessaire pour les dîners des élèves pauvres. Quant au matériel pour les ouvrages manuels, il ne sera payé qu’à condition que les effets confectionnés soient vendus pour rembourser la commune.

Note sur le conseiller national Gottlieb Berger, qui a mené avec la commune de Prez les tractations en vue de l’achat du château

Gotttlieb Berger est né le 29 décembre 1826 à Walkringen et il est décédé le 3 juillet 1903 à Langnau, dans l’Emmental. Son père est épicier-boulanger et petit paysan. Il accomplit son apprentissage de boulanger chez son père. Puis, il poursuit ses études à l'Ecole normale de Münchenbuchsee dès 1848. Après avoir exercé sa profession d’instituteur à Langnau, il entreprend des études de droit à l'Université de Berne de 1852 à 1856. Avocat, Berger ouvre une étude et un bureau de recouvrement à Langnau. Rédacteur de l'Emmentaler Blatt, il en devient propriétaire. Par son mariage avec Louise Christine Delley, fille de Louis, de Delley, il acquiert d’importantes propriétés dans le canton de Fribourg. Il se lance dans une intense activité industrielle : exploitation de la tourbe à Prez, briqueterie à Lentigny et à Rosé, laiterie à Prez. Très actif en politique, il est à la tête des radicaux de l'Emmental, président du tribunal à Langnau de 1872 à 1876, chancelier de 1882 à 1891, député au Grand Conseil bernois à trois reprises, conseiller national radical de 1881 à 1902.
Gottlieb Berger a été très actif dans notre région. A la fin du XIXe siècle, il exploite la tourbière du Grand Marais de Prez ; il a la haute main sur les briqueteries de la région et s’occupe d’industrie laitière. Quand la qualité et la quantité de terre ont été insuffisantes pour la fabrication à la briqueterie de Lentigny, Berger a exploité la briqueterie de Corbières. Ami des familles Roth et Fehr, de Berthoud (Burgdorf), le conseiller national Berger a son nom associé à ces familles dans l’exploitation de la laiterie de Prez. En cette fin du XIXe siècle, ces riches Bernois – exportateurs de fromage – n’exploitent pas la laiterie eux-mêmes. Ils engagent un fromager. Henri Fehr, à part la laiterie, a acheté le château de Prez. Il n’y passait que des vacances, son domicile étant Berthoud. En 1891, lorsque la commune souhaita devenir propriétaire du château, Gottlieb Berger a joué le rôle d’intermédiaire entre la commune et la famille de Ferdinand Roth-Fehr, beau-fils d’Henri. Ces renseignements ont été aimablement fournis par Alfred-Guido Roth, Dr en philosophie. domicilié à Berthoud. Exportateur de fromage à la retraite, il est le petit-fils de Ferdinand Roth-Fehr. Il a été en mesure d’expliquer pourquoi, en 1885, il est question dans une séance du Conseil communal de Prez, de la fabrique de vin Fehr-Naef et Cie . Les exportateurs de fromage importaient du vin. A Prez, on n’en fabriquait pas, mais on effectuait divers mélanges. Cette fabrique de vin fut éphémère. Existe-t-il un rapport avec la fabrique de sucre de Chuard et Kennel, dont il est question au Conseil communal le 1er septembre 1892 ? Hypothèse : on n’y fabriquait pas du sucre, mais des quantités de sucre étaient utilisées pour les mélanges de vins...
Le 5 octobre 1900, apparaît pour la dernière fois le nom de Gottlieb Berger dans une séance du Conseil communal. Celui-ci approuve la police mobilière du conseiller national Gottlieb Berger-Delley, l’une de 6000 fr. pour de la tourbe assurée et l’autre de 8000 fr. pour son train de campagne.

Jean-Marie Barras

Bibliographie

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